Interview exclusif : Claude Bergeaud – « Le match à Limoges va être compliqué »

Le mardi 21 octobre, le classico aura lieu. Pour préparer le match entre Limoges et Pau-Lacq-Orthez, Parlons-basket va vous proposer deux interviews. La première est celle de Claude Bergeaud qui est le coach de l’élan béarnais.

Claude Bergeau

(Crédit photo : Reuters)

Parlons-basket : Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas ?

Claude Bergeaud : Je suis originaire de l’Ariège où j’ai vécu jusqu’à 18 ans pour aller faire des études pour devenir professeur d’éducation physique à Toulouse. J’ai joué dans le club de Pamier (Ariège).  J’ai pratiquement passé ma vie dans ce club. Ensuite, je suis devenu professeur d’éducation physique et j’ai été nommé à Paris. J’ai enseigné six petites années en continuant à jouer avec Pamier. Je rentrais tous les weekends, bien sûr. En 19890, j’ai été sollicité par Pierre Seillant pour devenir responsable du centre de formation de Pau. Depuis cette période, je suis entraineur professionnel.  J’ai coaché l’équipe de France entre 2003 et 2007. En 2008, je me suis à nouveau retrouvé à l’élan béarnais.; C’était une période un peu difficile car c’était une priodede transition après Pierre Seillant. Donc, on m’a un peu adoubé pour devenir Directeur général de ce club. Mais mon métier c’est entraineur de basket et, après deux ans, j’ai souhaité y revenir. 

P.B : A l’arrivée des frères Pietrus à l’Elan Bearnais, sentiez-vous qu’ils pouvaient réaliser deux belles carrières?

C.B : Ils ont dominé dans la catégorie cadets 2 un championnat de France cadet de première division et ont été intégrés à l’équipe professionnelle pour y faire bonne figure à l’âge de 17 ans. Lorsque ça arrive, le joueur est promis à une très très belle carrière. Mickael Piétrus avait des prédisposition pour devenir un basketteur accompli très rapidement. Ce n’était peut-être pas le cas de Flo. L’un c’est construit ur le talent, Mickael. L’autre s’est construit par l’abnégation, le travail et le sacrifice. C’est Florent Piétrus. On a quand  même pensé que suite à la finale de Coupe de France contre le CSP Limoges, où les deux ont fait un carton en therme de points et de rebonds, nous nous sommes dit: « Ils ne pourront pas passer à côté de la carrière qui leur est promise. Cela a été confirmé avec tout ce qu’on connait depuis.

P.B : Vous êtes un fervent défenseur du Sud-ouest. Vous n’avez coaché une équipe en dehors de votre secteur géographique préféré un an seulement. Le sud-ouest vous manquait?

C.B : C’est vrai que je me reconnais beaucoup beaucoup dans ce qui se passe ici comme vie de famille, festivités et esprit festif. On parle beaucoup des valeurs mais des valeurs, il y en a partout. J’ai pu visiter la France entière lorsque j’étais sélectionneur national pour aller faire des collloques. Je les trouve dans plein de régions. Le Nord est un département exceptionnel. La proximité de ma famille m‘attire beaucoup ici. Mais j’avoue être ouvert aux richesse qu’il y a dans tous le pays et, donc, dans toutes les régions.

P.B : Boris Diaw vous a demandé d’entraîner le club de Bordeaux dont il est le président. Pourquoi avoir accepté un an et être revenu à Pau?

C.B : J’avais accepté parce que c’était un petit peu le Sud-Ouest. A cette époque, j’étais très engagé pour partir en Espagne. Un de mes amis qui, aujourd’hui est un coach d’Euroleague m’avait sollicité pour devenir son adjoint. J’aurais été homme de terrain d’Euroleague, c’est-à-dire que j’aurais du préparer les entrainements. C’est quelque chose qui me plaisait parce que j’adore le terrain. Et puis, Boris m’a séduit dans son projet. Mais, j’ai vite vu les difficultés que pourraient rencontrer Bordeaux pour aller à un haut niveau même à un moyen terme. Il y avait d’énormes problèmes d’infrastructures et de structures. C’est pour ça que je me suis mis tout de suite sur le marché. C’est l’élan béarnais qui est mon club de cœur qui l’a emporté lorsque je suis parti de Bordeaux.

P.B : Lors du match Pau / ASVEL, vous avez été virulents contre la nouvelle technologie mise en place par Canal+ (par rapport aux micros portés par les joueurs). Pouvez-vous nous expliquer votre point de vue? Avez-vous changé d’avis aujourd’hui?

C.B : Non, je n’ai pas changé d’avis parce que c’est une ligne de conduite. Je crois qu’effectivement il faut vendre notre sport en étant un petit peu « inside ». C’est-à-ddire à l’intérieur. Mais je crois qu’on va trop loin parce qu’on ne peut pas faire notre travail de façon spontanée et entière parce qu’on c’est regardés, observés et, donc, critiqués. Etre critiqué n’est pas toujours négative puisqu’une critique peut être positive. Un petit peu de confidentialité, un petit peu de retenue, c’est quelque chose qui me plairait bien parce qu’il faut qu’on puisse avoir des relations sincères avec tous nos collèggues, nos associés et les joueurs en font partie. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui parce qu’il y a trop de voyeurisme. On veut mettre la barre tellement haut qu’on perd l’essentiel du sport. A un moment donné, il va y avoir un engagement total sans retenue. On va un petit peu trop loin. Je ne veux pas dire que j’ai raison mais c’est mon humble avis. En plus, les joueurs n’ont pas été spontanés. De temps en temps, certains se sont lâchés mais pas comme ils aimeraient le faire. Je sais que le jour où ça nous a concerné, il y a eu de la retenue parce que je connais bien mes gars et c’était pas le même: Il s’est pas lâché. Il s’est retenu. Il n’a pas gueulé. Il a pas houspillé comme d’habitude.

Claude Bergeaud lors d'un temps-mort

(Crédit photo : A. Torrent)

P.B : Comment appréhendez-vous le match contre Limoges?

C.B : Ca va être très très compliqué à Limoges parce qu’à l’heure où nous faisons l’interview (NDLR : Cette interview a été réalisée pendant la semaine du 23 au 27 mars) nous sommes treizième. Un treizième contre un troisième, ça peut faire des dégâts. Limoges est déjà naturellement plus armé que nous. Mais, on l’a vu l’année dernière. Le contexte et les effectifs étaient déséquilibrés et on a fait un exploit à Limoges. Maintenant, réaliser un deuxième exploit face au CSP semble compliqué. J’espère que, dans le délai, nous nous comporterons bien et qu’on continuera à tenir le cap, ce que je crois. Ce sera un match très intéressant au point de vue émotionnel parce que ce sont deux monstres du basket qui se rencontrent.  Beaublanc sera plein. Il y aura beaucoup d’émotions et c’est bien parce que c’est peut-être ce qui manque tous les samedis au match que nous faisons. Dans certaines ligues en Europe, tous les matchs sont importants. En Pro A, on sait qu’il y a des matchs qui sont médiatisés pas montés en épingle. C’est magnifique quand il y a des matchs comme ça et tout le mon de les aime. Les acteurs, le public, les médias, tout le monde aime ces matchs là.

P.B : Si vous aviez été coach à l’époque de la première bagarre entre Limoges et Pau, quelle aurait été votre réaction?

C.B : Elle aurait été la même qu’aujourd’hui. C’est pas forcément ce que j’affectionne dans le sport. Je sais qu’il faut qu’il y ait des histoire, qu’il y ait de la tension. La meilleure, c’est le scénario sportif. Je n’ai jamais été adepte de la bagarre dans le sport. Par contre, je comprends très très bien que les joueurs face à cette grosse pressions craquent parfois et qu’il y ait des débordements. Nous sommes des cadres, les entraineurs et les dirigeants et nous devons tout faire pour contenir ces débordements et ne pas les entretenir.

P.B : Pour les médias, les matchs Pau-Lacq-Orthez ont une saveur différente que les autres. Comment l’expliquez-vous ?

C.B : Il y a toujours une saveur lorsqu’on rencontre Limoges parce qu’on sait qu’il y a beaucoup d’hostilité dans la sale et je crois que tout le monde doit être bon du joueur au porteur de servviette. Ces matchs là, on aimerait en jouer tous les samedis parce qu’on fait ce sport là pour repas être dans l’anonymat. Et, à Limoges, ce ne sera pas l’anonymat.

P.B : Le match aller de cette saison a été désastreux pour le CSP au niveau de l’adresse. N’avez-vous pas peur d’un sursaut d’orgueil de leur part?

C.B : Le contexte du match aller ne ressemblera pas au contexte du match retour parce que l’élan était dans une période très faste. Mais le CSP était usé par son Euroleague, par ses déconvenues. Il avait un peu le moral à zéro parce que ses objectifs n’avaient pas été atteints. Je crois qu’il en sera vraiment  parce que les limougeauds seront très frais puisqu’ils ne seront pas fatigués des matchs à répétition de  l’Euroleague et ils seront à domicile avec, au-delà de la revanche du match aller, la volonté de ne pas perdre sur ses terres pour garder une place très très haute dans le classement. En finissant deuxième, ils pourraient recevoir en demi-finale. Sinon, les limougeauds voudront terminer dans les quatre premiers pour pouvoir recevoir en quart de finale. Il est évident que le contexte n’est pas le même et qu’on s’attend à un match très difficile.

Merci à Monsieur Jean-Denis Laffite du service communication de l’élan béarnais qui a rendu cette interview possible.

L’interview de Jim Bilba qui représentera le Limoges CSP sera publiée dimanche.

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