Interview Isabelle Yacoubou – Partie 1 : « Moi, j’aimerais revenir pour finir ma saison »

À l’occasion du 1/4 de finale de l’EuroLeagueWomen entre Schio et Ekaterinbourg, nous sommes partis prendre des nouvelles de notre désormais ex-internationale Bleue. Avec ses 147 sélections en équipe de France et plus de 1300 points inscrits, Isabelle Yacoubou fait partie des grands noms du basket féminin français. Après de multiples expériences étrangères, elle est depuis trois ans à Schio. Malheureusement, cette année une douleur au genou l’a contrainte il y a quelques mois à l’opération… Comment va-t-elle ? Comment se passe sa rééducation ? Et la vie en Italie ? On fait le point dans notre toute dernière interview. 

PARLONS DE TON ACTUALITÉ

Parlons-Basket : Il y a quelques mois, tu as dû stopper ta saison, pour soigner un genou douloureux. Depuis comment vas tu ?

Isabelle Yacoubou : Et bah ça va :). Je me suis faite opérer le 16 Janvier à Rome par l’un des meilleurs chirurgiens orthopédiques de l’Italie. Il s’appelle « Mariani », il a opéré pas mal de footballeurs, c’est notamment le médecin de Francesco Totti… L’opération s’est très bien passée, la récupération pour le moment très bien aussi… Il m’avait fixée un objectif entre 3 et 5 mois… Je l’ai vu plusieurs fois après l’opération et au bout d’un mois on a fait le point : il m’a donnée le feu vert pour recommencer à travailler, c’était il y a deux semaines. Donc depuis je fais des progrès mais encore une fois il m’a dit de prendre mon temps, que tout ça n’était pas une course… Qu’il fallait que j’écoute mon corps et ne surtout pas aller en surcharge… Juste tant que je n’ai pas mal, je dois continuer à travailler. Et donc je suis ça (rires).

PB : Et finalement, la question qu’on se pose tous, comment se passe ta rééducation ? Tu es dans les objectifs de ton médecin ? :)

IY : Ouais, ouais :). Moi j’aimerais revenir pour finir ma saison. C’est un objectif qui me pousse à travailler tous les jours mais eux ils sont là pour me freiner de temps en temps, car justement j’aurais tendance parfois à faire un peu trop… Et ils me disent que justement, si jamais je saute une étape dans la rééducation, il peut y avoir un retour à la case départ, donc il faut vraiment essayer d’être patiente durant cette période. Franchement c’est pas facile pour moi, je suis quelqu’un d’hyperactive (Rires) et être là à ne pas jouer c’est assez difficile.

PB : Quel est donc ton programme au quotidien ?

IY : Il ne faut pas oublier que je suis maman aussi. Alors comme mon fils va à l’école, ma journée commence vers 7h/7h15. Je le prépare lui pour l’école qui démarre à 8h30. Après dès 9h je suis en centre de formation (c’est à une 20aine de minutes de Schio). Une fois là-bas, j’y reste jusqu’à midi (grosso modo). Je rentre, je mange, je vais chercher mon fils à 15h et je repars le soir. Alors après soit je fais deux séances là-bas au centre de formation, ou sinon on fait la matinée en piscine, l’après-midi en salle ! Ils essaient de varier un peu pour éviter que cela soit trop monotone pour moi, mais malheureusement, pendant la première phase, il y a quand même de la monotonie.

PB : Tu amènes le sujet de la piscine sur un plateau… Toi qui a demandé des conseils sur les réseaux sociaux, as-tu appris à nager ?

IY : J’ai toujours voulu apprendre à nager, mais avec le basket je n’avais pas le temps. Là, ils m’ont dit « on fera ta rééducation dans l’eau ». Je leur ai répondu qu’ils avaient un objectif, celui de m’apprendre à nager… J’en profite, même si c’est pas toujours évident… Mais voilà, c’est un peu de temps pour faire autre chose et mentalement, ça donne un petit challenge. C’est un petit plus pour quelqu’un comme moi qui est habituée à la compétition.

PB : Actuellement on peut suivre ta rééducation sur Instagram notamment, est-ce une volonté pour toi d’en informer tes fans ?

IY : Bien sur ! Les gens, ils ont tendance à croire que comme j’ai arrêté ma carrière internationale, j’arrête ma carrière tout court… C’est pas le cas. J’arrête pas, je continue de jouer, je joue à Schio et qui sait, j’aurai peut-être d’autres opportunités, je n’en sais rien mais voilà c’est surtout pour faire comprendre aux gens que j’arrête en Bleues, mais que je n’arrête pas ma carrière ! J’ai 30 ans et maintenant un genou tout neuf… Donc le plus beau reste peut-être à venir, qui sait (Rires).

PARLONS UN PEU DE TA VIE EN ITALIE

(Crédit photo : FIBA)

PB : Cela fait un peu plus de 3 ans que tu es à Schio, comment se passe ta vie en Italie ?

IY : Comme vous le voyez, je suis à la maison (Rires). À Schio, ce qui nous permet de bien travailler c’est qu’on a un club pro, un président qui est consciencieux et qui a envie de bien faire. C’est une ville sympa. Au mois de mars, on est déjà en petite veste… La vie ici est vraiment plaisante. Après l’hivers, bien sûr il fait un peu froid… Mais pas tant que ça non plus. Donc franchement au niveau de la vie, mon fils qui va à l’école, tout ça, c’est juste super ! Il y a vraiment rien à dire ! Schio est un petit village, donc on a tout à portée de main. On est assez facilement aidé lorsque l’on en a besoin et ça permet vraiment de travailler plus sereinement !

PB : Cette année Endy te rejoins, ça doit faire du bien de retrouver une française ? L’avais tu conseiller ?

IY : Ça fait du bien, c’est ça ! En plus, Endy c’est une bonne copine. Quand j’ai su qu’elle devait venir ici, en tout cas pour moi ça a tout de suite été oui… Après c’est vrai que l’année est un peu compliquée… Il y a eu ma blessure, en début de saison on a perdu une meneuse, après une autre meneuse… La situation a fait que cela n’a pas toujours été rose mais voilà on essaie de se soutenir en dehors du terrain, d’avoir des petits-temps morts où l’on se retrouve pour ne parler que de nous, et non plus de basket.
Les gens ne se rendent pas compte ce que cela veut dire de partir à l’étranger… Non seulement, la responsabilité d’être une étrangère dans un club, tu dois apporter plus que les autres… Mais aussi, tu es loin de ta famille, de tes amis. Tu as des horaires complètement décalés avec tout le monde…

PB : Tu as annoncé ta fin de carrière en Bleues, bien que tu aies encore de belles années devant toi, tu dois avoir dans un coin de ta tête des projets de reconversion professionnelle ?

IY : Bien sûr que l’on y pense. Je pense que toutes joueuses après la trentaine y pensent. C’est important de commencer à planifier. Moi je commence une formation « FIBA ». C’est un master qui est en collaboration pour la première fois avec une université en Angleterre à Newcastle. Et ils mettent en place un master sur deux ans pour les sportifs et plus particulièrement les basketteurs. Il y a 80 athlètes européens, 40 filles et 40 garçons et j’ai eu la chance d’intégrer le programme il y a pas si longtemps que ça :). Mais surtout, même si nous on a de l’expérience, on a les connaissances, c’est important d’avoir des diplômes qui valident tout ça. On se rend vite compte après, que sur le marché du travail, les gens nous reprochent le manque de nos diplômes.
Maintenant oui c’est pas toujours facile, il faut trouver le temps, parfois faire quelques sacrifices. Le jour où tu dois sortir avec tes copines il faut peut-être aller étudier mais bon… Après tu sais que tu prépares ton avenir aussi… On ne peut pas tout avoir (Rires).

Retrouvez la seconde partie de cette interview la semaine prochaine. Isabelle Yacoubou reviendra pour nous sur sa carrière internationale, elle nous parlera d’elle et de ses coéquipières :). 

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