NBA – Kevin Durant se lâche sur tout !

Critiqué par beaucoup, Kevin Durant peut pour autant se targuer d’avoir gagné une bague et un titre de MVP des finales en prime l’été dernier. Plus apaisé, il s’est confié pour la première fois en profondeur sur les sujets sensibles, dans un entretien avec Bleacher Report.

Si vous vous demandez ce que pense KD de Russell Westbrook, d’OKC, de son départ, de sa relation avec les fans et plus encore, vous êtes au bon endroit ! Kevin Durant s’est en effet lâché sur plusieurs points, à commencer sa relation avec le Thunder. S’il a eu beaucoup d’animosité envers eux après son départ, il semble avoir revu sa copie :

« Ces gens-là [Russell Westbrook, le General Manager Sam Presti, Nick Collison…], je les aime du fond de mon cœur aujourd’hui encore. On ne se parle pas, mais un jour on le fera. Au début, je n’avais pas cette perspective. Quand je suis retourné à OKC [pour jouer], je ne l’avais pas du tout. J’étais genre « Qu’ils aillent tous se faire foutre ». Je n’ai pas aimé quand ils ont donné mon numéro 35 (à P.J Dozier, ndlr), vraiment. « Qu’ils aillent tous se faire foutre ». Mon meilleur ami bosse pour le Thunder, et je lui ai dit « Allez tous vous faire foutre, ça se fait pas putain »

Et puis j’ai sorti tout ça de ma tête. Au final, j’ai compris que ce n’était plus mon numéro et qu’ils pouvaient en faire ce qu’ils voulaient. Après, quand tu donnes ce numéro à un two-way player (qui oscille entre la NBA et la G-League), tu dois te dire « Non, quand même, on a trop de souvenirs pour faire ça… » Mais bon, un jour ou l’autre mon numéro 35 sera retiré, alors tout va bien. J’ai fait quelque chose qu’ils n’ont pas aimé, ils ont fait quelque chose que je n’ai pas aimé. Ca arrive, c’est la vie. Mais si j’étais sur mon lit de mort, je peux vous garantir que Russell Westbrook et Sam Presti viendraient veiller sur moi. Et je préfère voir les choses sous cet angle-là »

Kevin Durant a en fait été profondément blessé lorsqu’il a vu le déferlement de colère (voir de haine) dont il a été victime après son départ. C’est ce qui a contribué à sa rage et à l’incompréhension entre le joueur et la ville dont il fut un temps le héros incontesté :

« Je suis un être humain, je n’ai pas peur d’être vulnérable devant les gens, et c’est putain d’incorrect que tu dises certaines choses sur moi alors qu’il y a deux mois j’étais le meilleur truc à jamais être arrivé parce que je jouais pour ton équipe. J’ai vu des gens que je connaissais me jeter des sales regards quand je suis retourné là-bas, c’était bizarre. Et je suis censé accepter ça, parce que si je réponds, on va me dire : « Tais-toi, t’es une chochotte. Tu dois endurer ça. Tout le monde a connu ça, Michael Jordan a connu ça ». Sauf que Michael Jordan, qu’est-ce qu’il a dû endurer ? Lire le journal et voir « Oh, Michael Jordan a shooté à 7 sur 33, comment est-ce qu’il va se relever ? ». Ca, c’est critiquer. Mais critiquer, ça n’est pas « T’as quitté X club pour rejoindre X club, t’es un lâche, une pute, etc ». Ce n’est pas critiquer, ça. »

Malgré tout, KD avoue ne pas avoir forcément compris l’impact qu’il pouvait avoir sur les gens d’OKC, ce qui a faussé la lecture de leur réaction :

« Au début, je ne comprenais pas. Ma mère me disait « Ces gens t’aimaient tellement là-bas », et j’étais genre « Non Maman, s’ils sont capables de me descendre si vite et me dire que je suis un lâche, ils ne m’aiment pas ». Et je ne sais pas si c’est de l’amour, mais les fans c’est un niveau d’amour incomparable. C’est irrationnel, excessif »

Pourtant, le MVP des dernières finales semble avoir enterré la hache de guerre avec son ancienne ville. En huit ans, il y a bâti des liens indélébiles et vécu des moments inoubliables, jusqu’à devenir le parrain de la fille d’un assistant-coach.

« Ca, ça ne s’oubliera jamais. Tout ça c’est bien plus important qu’un titre. Ma famille et moi n’avons pas effacé ces 8 années à OKC. Je suis toujours OKC, ce bleu coulera toujours dans mes veines. C’est à cet endroit que j’ai grandi comme homme. Mais il y a un moment dans la vie où tu dois prendre la meilleure décision pour toi, et tu t’attends à ce que les gens qui t’aiment la comprennent »

Cette décision, c’est le fameux départ en direction de Golden State. Depuis, KD est souvent raillé pour son manque de loyauté. Ca tombe bien, selon lui, la loyauté en NBA est illusoire.

« Il n’y a pas de loyauté qui tienne. Les gens voient le manque de loyauté de certaines manières, mais c’est une des choses les plus méconnues de notre sport. On crie à la loyauté [pour les joueurs], mais on ne la demande pas à ceux qui signent les chèques. Les gens disent « Ne te plains pas, t’es payé ». Mais je préférais quand j’étais naïf sur le business NBA, comme c’est pourri. C’était mieux pour moi. Quand tu mets de l’argent et du business dans un truc pur, ça nique tout »

Finalement, en bougeant à Golden State, Kevin Durant s’est nourri de tout ça pour atteindre son objectif, et de fort belle manière. On retient évidemment son shoot à trois points en finale, l’image marquante de la série. KD élabore là-dessus :

« C’était un « fuck you shot », clairement. A tout le monde. Et plus particulièrement Paul Pierce. Je l’avais entendu dire « Apparemment il n’a plus envie de travailler » [quand je suis parti pour Golden State]. Ca m’a vraiment chauffé quand il a dit ça. Sérieux mec… Je bosse. Je sais ce qu’il voulait faire, mais je bosse dur. Un des trucs dont je suis très fier c’est mon travail pour me perfectionner »

Ce titre a libéré KD, car ne pas en gagner était comme un poids pour lui. Cela n’a pourtant pas toujours été le cas, comme il l’explique de manière surprenante…

« On nous met dans la tête que tout ce qui compte, c’est gagner un titre. Mais moi en grandissant, je ne pensais pas à ça, je pensais juste à être le meilleur joueur possible. Après, en arrivant dans la ligue, j’ai commencé à y penser : « Ah, maintenant je dois gagner un titre ? Ok. » Je me suis détourné de ce pourquoi j’avais commencé à jouer au basket parce que j’écoutais trop le bruit autour. Puis après 2012, quand on est allés en finale, je ne pensais plus qu’à ça. Dès la première semaine de la saison, je pensais à aller en finale. Et c’est se mettre en danger. Mentalement, ça m’a secoué.

Je pense que les gens ne font pas la distinction. Soulever un trophée ne fait pas de toi un champion. Il y a eu beaucoup de champions de merde, hein ? Ils ne se soucient pas de ce qu’ils font, d’avec qui ils travaillent, ils le font sans passion, mais ils gagnent. Ce n’est pas être un champion pour moi. Moi, j’ai toujours été un champion. Être un champion c’est comment tu approches ton boulot chaque jour, c’est toujours vouloir être meilleur. C’est ça, un champion »

Et à ceux qui lui reprocheraient de ne pas rentrer dans le moule Jordan ou Kobe, à savoir celui du tueur au sang-froid prêt à tout pour gagner, Kevin Durant rétorque :

« Je suis une vraie personne mec, j’essaie pas d’être Superman ou un dur à cuire. Je sais que j’en suis pas un. Je sais que je suis quelqu’un d’émotif sur beaucoup de choses. Je continue d’apprendre »

Voilà pour les moments forts de cette interview très riche en contenu, qui permet de mieux cerner le personnage Kevin Durant, plein de complexité et de réflexion.

NBA 24/24

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