Entretien avec Patrice Dumont – « Tu es beaucoup plus attendu quand tu es à Bourges plutôt qu’ailleurs »

Nouveau directeur général du Bourges Basket depuis le début de saison, PATRICE Dumont a accepté de revenir avec nous sur cette fin d’été, et sur d’autres passages un peu plus compliqués de cette année 2017.

Bonjour Patrice, comment ça va ?

Patrice Dumont : Tout va bien merci.

Avant de parler de ton actualité avec le Tango Bourges, nous allons faire un petit retour en arrière. Tu es avant tout un patineur. Comment passe-t-on du patinage de vitesse au spécialiste du basket que tu es ?

Patrice Dumont : C’était il y très longtemps oui ! (rires). Ensuite j’ai commencé à enseigner, j’étais prof, et quasiment en même temps j’ai fait mes premières piges, notamment pour le groupe TF1 ou Eurosport. Pour tout dire je me suis retrouvé au début de la mise en place de la version française d’Eurosport, fin 1991, et à ce moment je commentais plutôt les sports d’hiver. Puis petit à petit, vu que le basket m’intéressait et qu’il y avait des besoins pour le commenter, je m’y suis penché, j’ai plongé, et j’en suis pas ressorti (rires).

Rédacteur en chef à SFR Sport depuis 2015, tu annonces via Twitter la fin de ta collaboration avec la chaîne TV en mars dernier. Que s’est-il passé ?

Patrice Dumont : Je ne peux pas dire beaucoup de choses parce que ce n’est pas encore tout à fait réglé. Très bizarre… Très très bizarre.

Tu poses ton joker ?

Patrice Dumont : Non ! C’est même pas un joker, ce que je peux dire c’est que en fait, le contrat est en deux temps. C’est d’abord MCS (Ma Chaine Sport), puis à un moment le groupe Altice décide de redistribuer son offre, et donc MCS disparait et devient SFR Sport 2. A ce moment là, les dirigeants changent, la hiérarchie change et quand ils arrivent il me demande de continuer à tout mettre en place. Il fallait inventer une nouvelle émission, organiser un planning de trois matchs par semaine, refaire l’habillage, les équipes… Il fallait tout refaire en fait. Donc pendant 6 mois c’est ce que j’ai fait, et au bout d’un moment, eux décident d’arrêter la collaboration, et pour être totalement transparent, sans que je n’ai vraiment de raison au final.

On va repartir sur l’actualité beaucoup plus récente maintenant. Le 17 octobre dernier on apprend par le journal local que Pierre Fosset t’a proposé le poste de directeur général au Tango Bourges. Comment tout ça s’est matérialisé ?

Très simplement en fait. Il se trouve que moi j’ai évidemment suivi le basket féminin pendant de nombreuses années et que Bourges étant une équipe de référence, j’étais amené assez régulièrement à commenter leurs matchs. J’ai suivi l’équipe de France, et on le sait c’est en grande partie l’équipe de Bourges. Parfois même c’est en grande partie le coach, c’était le cas avec Pierre Vincent, c’était le cas aussi avec Valérie Garnier. Maintenant c’est plus tout à fait le cas, même si Olivier est coach assistant et donc toujours proche de l’équipe de France. Tout ça pour dire que le basket féminin, Pierre savait que je le suivais depuis longtemps et on s’est croisés de façon assez régulière à la fin quand je travaillais pour Canal, et même pour MCS et SFR donc il m’a passé un coup de fil. D’ailleurs pour revenir à la fin de la collaboration avec SFR, le truc qui était assez rassurant c’est que j’ai reçu beaucoup de messages de soutien, des gens du milieux, que ce soit des coachs, des joueurs ou des responsables. Pas mal m’ont appelé, j’ai reçu des messages parce que globalement je ne comprends pas, mais les autres ne comprennent pas non plus. ll faut demander à SFR ils ont peut-être une explication. Pierre fait partie des gens qui m’ont envoyé un message à ce moment-là, comme d’autres, puis il m’a appelé à la fin de l’été : « Voilà j’ai une proposition à te faire, je cherche un directeur général, réfléchis et dis moi ce que tu en penses ». Je ne vais pas dire c’est simple comme un coup de fil, mais quand tu as le premier club en France depuis 20-25 ans qui t’appelle, tu étudies cette proposition avec beaucoup d’attention.

Tu nous apprends que la proposition a été faite à la fin de l’été, donc quand c’est révélé le 17 octobre, ça veut dire que ça fait un moment que vous en parlez de votre côté.

Quand je dis à la fin de l’été, c’était au mois de septembre oui.

Et du coup quand ça sort dans les journaux, tu as déjà pris ta décision ou tu es encore en pleine réflexion ?

Elle est déjà un peu prise la décision, mais ça se réfléchit oui. Ce n’est pas n’importe quoi, c’est de vraies responsabilités. Il y a deux choses importantes, c’est que le boulot qui a été fait jusqu’à maintenant est remarquable, une fois encore c’est la meilleure équipe de France et de très loin. Donc ce n’est pas une équipe en difficulté mais bien une équipe au top. Et on sait bien que le plus difficile c’est de rester au top. C’est une vraie responsabilité donc tu prends un peu de temps pour réfléchir d’autant que j’avais d’autres pistes, d’autres propositions aussi.

C’était justement notre prochaine question, tu as eu d’autres propositions autres que celle de Pierre Fosset ?

Quasiment en même temps, mais oui j’avais deux autres pistes assez sérieuses.

Après la nouvelle dans le journal local, deux semaines après on apprend que tu acceptes l’offre. Qu’est-cee qui t’a séduit dans ce projet du Tango Bourges; si ce n’est que c’est le plus grand club en France avec les autres en Europe ?

Je ne sais pas si c’est d’avoir fait un sport individuel, mais j’aime bien l’esprit d’équipe. J’aime bien jouer collectif, c’est ce qui parfois manque dans le métier qui était le mien jusqu’à hier. Quand on est journaliste on reste toujours un peu journaliste; mais je pouvais déplorer parfois que certains la jouaient trop perso et pas assez collectif. J’ai eu la chance de diriger la rédaction d’Eurosport France pendant cinq ans, et avec cette rédaction on a quand même réussi en 2006 à être la première chaine du câble et du satellite. Alors évidemment le contexte était différent et pas comparable à ce qui se passe aujourd’hui, mais pour dire que quand tu travailles en équipe, et bien tu peux avoir des résultats. C’est très valorisant de diriger une équipe qui fonctionne. Donc il y a un peu de ça, une équipe qui fonctionne bien; et j’ai envie de – modestement – pouvoir l’accompagner et la renforcer, sachant que le deal c’est aussi pour cela que je l’accepte, c’est que Pierre Fosset le président ne lâche pas la main. Ma première mission c’est de renforcer le staff, de m’imprégner de la culture Tango.

Ton principal rôle dans cette équipe c’est de continuer à aider l’équipe et continuer sur ces bases.

Bien sûr c’est aussi cela qui est intéressant. C’est un club qui par ADN se doit d’être ambitieux, donc l’objectif personne ne va s’en cacher, c’est un quatorzième titre de champion et aller le plus loin possible en Euroleague.

Tu nous parles du palmarès, justement Bourges c’est 13 championnats de France, 9 coupes de France, 3 Euroleague, et il y en a encore, comme l’Eurocup. Est-ce que tu ressens une pression de rejoindre ce club emblématique dans l’Hexagone et même en Europe ?

C’est clair que la pression est là et nécessaire, tu es beaucoup plus attendu quand tu es au Bourges Basket que quand tu es une petite équipe. Je ne vais pas citer de noms mais il y a d’autres équipes dont l’objectif c’est plutôt le maintien. Donc clairement la pression est différente, quand tu es Bourges tu es exposé. Mais avec le métier que je faisais avant, la pression j’en avais déjà, ça fait partie du lot, parce que les résultats sont attendus.

Agé de 64 ans et président du Tango Bourges Basket depuis 25 ans, on a l’impression que Pierre Fosset veut un peu lâcher prise et passer progressivement le relais.

C’est l’idée, mais il y a un mot important dans ce que tu dis, c’est « progressivement ». L’idée ce n’est pas de lâcher ainsi, et pouvoir se reposer sur quelqu’un qui pourra s’occuper des taches à faire. La charge tu dois la répartir, ce n’est pas lui qui la porte totalement et il m’en passe un bout, mais c’est lui le patron.

Dans un futur plus lointain, on ne sait pas si vous en avez parlé – ou si c’est à l’ordre du jour d’en parler, mais l’idée serait de prendre sa place ?

La première chose, c’est de ne pas penser à deux ou trois ans mais bien maintenant. Donc faisons les choses dans l’ordre, je n’ai jamais fait de plan de carrière donc je ne vais pas commencer maintenant. Là je suis appelé pour une mission, et mon boulot c’est la remplir du mieux possible. C’est un changement pour moi, il y a beaucoup de choses intéressantes, des domaines dans lesquels je vais devoir découvrir pas mal de choses aussi. J’ai bien assez à faire avant de me demander ce qu’il va se passer dans deux ans, dans quatre ou dans cinq.

Pour finir, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter dans ce nouveau défi ?

Maintenant, c’est plus « qu’est-ce qu’on peut souhaiter au Tango Bourges ». Mais à moi, c’est que ça se passe bien, que les gens soient contents de mon arrivée, que je sois utile au club, et qu’on remporte un quatorzième titre. Ca serait pas mal ça, le record absolu !

Toute l’équipe remercie Patrice Dumont d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.
(Interview réalisée le lundi 06 novembre 2017 par téléphone)

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