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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Chanteur à la longévité exceptionnelle, Michel Sardou a tout connu ou presque. C’est d’ailleurs durant l’une de ses soirées hollywoodiennes aux côtés du gratin mondiale qu’il a fait la connaissance d’un certain Ray Charles. Et ce dernier, tout en douceur et en sagesse, lui a prodigué un recadrage qui a changé le cours de sa vie. Explications.
Il faut du talent, certes, mais également beaucoup d’intelligence pour traverser les époques. C’est ce qu’ont réussi à faire les deux chanteurs les plus populaires des 60 dernières années, Johnny Hallyday et Michel Sardou. À la différence du « Taulier », notons toutefois que Sardou n’était pas aussi auto-destructeur, et moins porté sur les paradis artificiels.
Néanmoins, celui qui triomphe actuellement avec son ultime tournée s’est livré à quelques expériences ici et là, et notamment celle de la cocaïne. Alors omniprésente dans les années 1980, la poudre blanche faisait tourner les têtes au propre comme au figuré. Et face à une potentielle dérive, Ray Charles a sauvé Sardou.
Michel Sardou raconte comment Ray Charles l’a remis sur les rails
Invité de « Quotidien », l’homme aux plus de 100 millions de disques vendus confiait ainsi il y a quelques mois :
Je vais vous dire la vérité, j’en ai pas pris grâce à Ray Charles. J’ai voulu goûter quand même, je me suis dit : « Je ne vais pas mourir con ». Il paraît que ça fait des trucs formidables. Je me suis fait une ligne, j’ai respiré ma ligne. Je me suis mis au piano, il y avait un piano dans le coin, je me croyais seul. Et je jouais, ça venait, c’était bien, il y avait des descentes harmoniques formidables.
Mais alors que la substance qu’il avait sniffée produisait son effet, Michel Sardou a très vite été remis sur terre par Ray Charles en personne. Lui-même en proie à des problèmes d’addiction durant toute sa vie, l’interprète de « Hit The Road Jack » n’a pas fait dans la dentelle pour stopper net le Français dans ses excès :
Un type s’assoit à côté de moi : c’était Ray Charles. Il m’a dit : « Vous êtes content, là, de ce que vous venez de créer ? » Alors je dis : « Écoutez, c’est formidable ! » Il me dit : « Vous avez fait un mi majeur, sans arrêt, un mi majeur ». Alors évidemment, c’est pas terrible.
Il me dit : « Je vais vous dire un truc : moi, je me drogue, parce qu’il me manque quelque chose, je suis aveugle. Mais vous, vous avez vos bras, vos yeux, votre voix, jambes, vous êtes normal. Ce qu’il risque de vous arriver, c’est qu’elle vous prenne quelque chose ».
Rendu instantanément sobre par ce flot de bon sens qui lui est tombé dessus, Sardou a immédiatement pris note. Tant et si bien qu’il n’a jamais réitéré l’expérience :
Je n’ai plus jamais, je vous le jure, touché à quoi que ce soit.
Dans une époque où la poudre blanche faisait la loi chez les stars, Michel Sardou aurait pu être de ceux qui ont mal tourné. Fort heureusement pour lui, le monstre sacré de la chanson française a trouvé sur sa route Monsieur Ray Charles, qui, avec son argumentaire implacable, l’a dissuadé de recommencer. Et pour cela, on ne peut que remercier le jazzman de légende.
