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Par Guillaume Kagni | Journaliste sportif
Premier Français de l’histoire de la NBA, Tariq Abdul-Wahad aura toujours une place particulière dans notre basket. Parti il y a plus de 30 ans, il regrette en revanche le fait que notre système n’évolue pas sur un sujet bien précis…
Tony Parker est aujourd’hui encore vu comme le joueur qui a démocratisé la NBA en France, comme le joueur qui a inspiré une génération entière et qui a montré que le rêve américain pouvait devenir une réalité, même pour les jeunes formés dans l’Hexagone. Mais celui qui a réellement ouvert la porte, c’est Tariq Abdul-Wahad.
Parti aux États-Unis à seulement 19 ans, c’est d’abord en NCAA que l’arrière avait du faire ses preuves. Trop juste pour s’imposer à Michigan, l’un des programmes les plus prestigieux du circuit universitaire, il était devenu une star à l’autre bout du pays. Avec 23.8 points de moyenne sur sa dernière saison à San José State, il avait su séduire les scouts.
Tariq Abdul-Wahad sévère avec la formation française
Premier Français à poser le pied sur un parquet NBA, il doit être particulièrement heureux de voir le nombre de tricolores qui suivent aujourd’hui son exemple. En revanche, ce qui l’agace, c’est de constater que les défauts de notre structure de formation n’ont toujours pas été corrigés au fil du temps. Dans les années 90′, il voyait déjà les mêmes limites. Il s’exprime pour « Disrupters » :
Je ne connais pas le talent français actuellement parce que je ne suis pas sur le terrain. Mais j’imagine que les gamins d’aujourd’hui sont encore meilleurs que nous à l’époque, parce que le basket a progressé. Maintenant la question qu’il faut se poser, pour les filles aussi bien que pour les garçons, c’est est-ce que les talents français sont mis dans des situations où le bien-être est mis en avant ?
Tu ne peux pas me dire que si tu es un joueur qui a été en centre de formation et qui termine en N2 avec un contrat à 1.200€ par mois en plus d’un travail à la mairie, c’est une belle expérience de vie. Le crime en France c’est qu’il n’y a rien pour les études. Je l’ai compris à 17 ans. Imagine le nombre de talents qui vivent cette expérience. C’est criminel !
Tariq Abdul-Wahad n’est pas parti aux États-Unis seulement parce qu’il avait envie de vivre un rêve. S’il est parti à seulement 19 ans, c’était pour avoir l’assurance de suivre un cursus universitaire complet, en même temps qu’il progressait dans sa pratique sportive. L’arrière regrette de voir ces jeunes qui ne percent pas bloqués dans des championnats mineurs, avec des salaires faibles et aucune perspective professionnelle derrière.
Tariq Abdul-Wahad fait partie de ces sportifs qui voient loin, très loin. Et pour lui, c’est un crime que les instances ne se projètent pas, n’assurent pas un avenir plus radieux aux jeunes qui ne parviennent pas à sortir des centres de formation.
