Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Dans une ère où Manchester United dominait outrageusement le championnat anglais, Arsène Wenger est venu chambouler l’ordre établi et perturber l’hégémonie de Sir Alex Ferguson avec Arsenal. Une période de bascule dont l’entraîneur écossais s’est souvenu.
Nommé à la tête de Manchester United en 1986, il a mis du temps avant d’atteindre les objectifs qui lui avaient été fixés. Mais une fois son premier titre de champion d’Angleterre acquis, Sir Alex Ferguson n’a laissé que des miettes à la concurrence. Sacré à quatre reprises entre 1993 et 1997, il a cependant vu s’affirmer un nouveau concurrent de taille dans ce laps de temps, à savoir le Arsenal d’Arsène Wenger.
Sa rivalité avec Wenger, l’impact d’Henry : Alex Ferguson cash
Relativement méconnu à l’époque, Wenger a pris ses fonctions sur le banc d’Arsenal en 1996. Et sur place, son ambition a rapidement paru claire, à savoir éjecter United et son coach de leur piédestal. Il explique en effet dans le documentaire Invincible :
Arsène Wenger : Alex Ferguson était la figure dominante dans le football anglais. Tout le monde avait peur de lui, de la presse jusqu’aux arbitres.
Je me suis dit que c’était une bonne opportunité pour moi de montrer qu’il n’y a pas qu’en Angleterre qu’on sait jouer au football. J’étais prêt pour ce combat. C’était parfois très agressif, surtout après les matches. Quand vous vous battez pour gagner, vous êtes deux lions. Votre seul désir est de manger le lion qui se trouve en face de vous. En ce qui me concerne, je ne craignais personne dans le football.
Assoiffé de sang, l’Alsacien n’a dès lors pas eu peur de se frotter à son homologue écossais. Ce dernier s’est par ailleurs rappelé de la teneur électrique qu’a pu emprunter leur relation, notamment suite à l’arrivée d’un certain Thierry Henry chez les Gunners :
Sir Alex Ferguson : C’est devenu toxique à cause de Thierry Henry et le fait qu’Arsenal arrive à le réinventer lorsqu’il est arrivé chez eux. Tous ses buts… Il était fantastique.
Quand vous êtes l’équipe à battre, vous regardez toujours dans la rétroviseur pour voir qui arrive derrière vous et quand vous voyez quelqu’un, vous accélérez. Arsenal nous rattrapait et leur équipe était assez forte pour nous dépasser, sans aucun doute.
Les craintes de Ferguson ont fini par se vérifier, puisque Wenger et ses troupes ont raflé trois titres de 1998 à 2004, dont un ultime sans la moindre défaite concédée. De quoi pousser le mythique entraîneur de Red Devils à l’admiration :
Sir Alex Ferguson : Arsène a toujours maintenu son club en Europe et pourtant, il a été critiqué. Les supporters devraient avoir honte. Lui et moi sommes des dinosaures, mais on ne s’est pas trop mal débrouillés. Personnellement, j’ai remporté 13 titres de champion d’Angleterre mais je n’ai jamais été proche de terminer une saison invaincu. Cet exploit est plus grand que n’importe quel autre, et c’est celui d’Arsène.
S’il admet que tout n’a pas toujours été tout rose entre eux, Sir Alex Ferguson n’a jamais cessé de vouer un immense respect à Arsène Wenger. Et notamment lorsque le Français a transformé Arsenal et fait de Thierry Henry l’un des meilleurs attaquants du monde.