Par Joël Pütz | Journaliste sportif
La carrière de Magic Johnson avait pris un tournant brutal après l’annonce de sa séropositivité. De quoi pousser l’ancien Laker à prendre sa première retraite sur laquelle il a tenu des propos très honnêtes, des années après. Le Hall of Famer a bien des regrets.
Encore aujourd’hui, son palmarès est impressionnant et seul Stephen Curry semble avoir des arguments pour le détrôner en tant que meilleur meneur de l’histoire. Cinq fois champion NBA, triple MVP de saison régulière ainsi que des Finales, le statut officieux de plus grand passeur de tous les temps : c’est dire si Magic Johnson a laissé une empreinte indélébile sur la grande ligue.
Dans les années 80, il était pratiquement impossible de ne pas croiser sa route quand on se battait pour le titre, lui qui a uniquement manqué les Finales de 1986 et 1990 durant ce laps de temps. Cerveau du Showtime des Lakers, partenaire de jeu puis successeur de Kareem Abdul-Jabbar en tant que leader des Californiens, rival éternel de Larry Bird : Earvin de son vrai prénom était inévitable.
On peut donc parler de tremblement de terre quand on évoque la première retraite de Magic, d’autant qu’elle avait lieu dans des circonstances exceptionnelles. Ce fut lors d’une conférence de presse avant la saison 1991-92 que l’intéressé annonça avoir contracté le VIH, le poussant à se retirer immédiatement de la compétition afin de se concentrer sur sa santé. Il reste d’ailleurs un exemple en matière de rétablissement.
La première retraite de Magic Johnson, une erreur selon lui
Interviewé par Bill Simmons en 2012, l’ancien Angelino admettait cependant émettre pas mal de regrets à propos de sa décision, qu’il jugeait trop précipitée à posteriori alors qu’il éprouvait encore du plaisir sur les parquets :
J’aurais dû rester et jouer, cette saison-là. Malgré tout, j’aurais dû rester et jouer. Tu peux te faire couper ou prendre ta retraite comme je l’avais fait, mais j’aurais dû rester.
Il faut rappeler qu’à cette époque, on disposait de beaucoup moins d’informations sur le VIH. La paranoïa s’était donc rapidement répandue auprès du public et surtout des autres joueurs NBA, pas forcément au courant de la manière dont se transmettait le virus. Karl Malone notamment avait tenu des propos particulièrement durs à l’égard du Hall of Famer, en amont du All-Star Game 1992.
Fait intéressant, Magic était déjà revenu au jeu entre temps puisqu’il avait participé à la fameuse épopée de la Dream Team aux Jeux Olympiques 1992. Il sera d’ailleurs également convié au match des étoiles dont il finira MVP et quelques années plus tard, il reviendra pour un dernier tour de piste aux Lakers en 1995-96 où il jouera 32 matchs. Il n’était alors plus le même joueur qu’avant, mais il avait pu réparer son « erreur ».
On comprend Magic Johnson qui estime s’être privé de pratiquer ce sport qu’il aimait tant, mais force est de constater qu’il avait pris la bonne décision en se retirant pour traiter sa séropositivité. C’est ainsi qu’il a su en guérir et devenir un pilier de la sensibilisation aux dangers du VIH.