Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Quintuple champion NBA, Dennis Rodman a remporté trois de ses titres avec les Bulls, durant une période où il n’avait rien d’un enfant de chœur. Il a néanmoins tenté de se montrer irréprochable pendant l’une de ces Finales… et a vite fait machine arrière.
Arrivé sur la pointe des pieds en NBA, il a progressivement prouvé qu’il y avait toute sa place. Grâce à ses talents de défenseur et de rebondeur, Dennis Rodman s’est imposé dans les différentes équipes qu’il a représentées au sein de la ligue et est même devenu indispensable. Y compris aux Bulls, où Phil Jackson et ses autres supérieurs lui laissaient dès lors une immense liberté loin du terrain… malgré sa nature imprévisible.
L’expérience infructueuse de Dennis Rodman lors des Finales ’96
Capable de disparaitre du jour au lendemain sans explication, Rodman bénéficiait d’une sorte de laissez-passer à Chicago. Un privilège dont il se servait même durant les Finales, lui qui a réalisé quelques folles escapades dans ce contexte. Il faut dire que l’inverse ne lui réussissait pas vraiment. Dans son livre Walk on the Wild Side, il explique ainsi avoir regretté de s’être bien comporté à l’aube du Game 4 des Finales 1996 :
Dennis Rodman : J’ai tourné le dos au comportement qui m’avait permis de devenir celui que j’étais. On n’était qu’à un match du titre et jusque-là, je jouais vraiment bien. Même si tout le monde sait que Michael Jordan est le plus grand joueur de basket à avoir jamais mis les pieds sur terre, les gens qui s’y connaissent avaient conscience que c’était moi qui était en train de détruire les Sonics.
Pour une raison débile, j’ai arrêté de faire la fête, je suis resté chez moi et j’ai essayé d’être un gentil garçon, mais ça a ruiné mon « groove ». La nuit avant le Game 4, j’ai dormi environ sept heures. Je n’avais jamais dormi autant d’heures d’affilée cette saison-là. Sauf que sur ce match-là, j’ai été nul.
Auteur de 8 points et 14 rebonds, « The Worm » a surtout eu du mal défensivement.
Son adversaire direct, Shawn Kemp, s’est en effet régalé avec 25 points et 11 rebonds sur cette rencontre, largement remportée par Seattle (107-86). Qu’à cela ne tienne, Dennis a rapidement repris ses bonnes vieilles habitudes… et à raison :
Dennis Rodman : Je venais d’aller à l’encontre de l’une de mes règles fondamentales : reste fidèle à ce qui t’a permis d’en arriver là. Du coup, la veille du Game 6, j’ai réuni certains des gars les plus fous que je connaissais, on est allé dans mon resto de sushi préféré à Chicago et on a englouti des shooters de sake comme un homme sur le point de mourir dans un désert l’aurait fait avec de l’eau.
Résultat, le mythique intérieur a livré un match 6 héroïque avec notamment 11 rebonds offensifs (!) et a remporté son premier titre avec les Bulls.
Chassez le naturel, il revient au galop. Véritable cheval fou, Dennis Rodman a tenté de troquer ce costume pour celui de joueur modèle lors des Finales 1996 et s’en est mordu les doigts. Son retour à la normal lui a heureusement permis de retrouver son niveau.