Par Guillaume Kagni | Journaliste sportif
Emmanuel Petit a eu une immense carrière, aussi bien en équipe de France que dans un club comme Arsenal. Et comme il l’a expliqué, ce parcours, il ne l’a pas simplement fait pour lui. Il estime avoir été accompagné par son défunt frère.
C’est peut-être cliché, mais pour réussir dans le monde du football, où la concurrence est redoutable et agressive, il vaut mieux avoir un petit supplément d’âme. Pour de nombreux jeunes issus des banlieues ou d’un milieu social difficile, c’est l’envie d’offrir une vie meilleure à ses proches qui apporte cette motivation et cette envie de faire des sacrifices.
Emmanuel Petit, champion du monde 98 avec l’équipe de France et troisième buteur lors de la finale face au Brésil, fait partie de ces talents qui ne jouaient pas simplement pour eux. Dans une interview très touchante accordée à nos confrères de Yahoo!, la légende d’Arsenal a expliqué le lien spirituel fort qui le liait à son défunt frère tout au long de sa carrière.
Emmanuel Petit parle de la mort de son frère
Mon frère Olivier est décédé en jouant au foot, devant sa future femme et devant mon autre frère, David. Je l’ai appris de la plus terrible des manières. Mes parents étaient avec moi à Monaco, et nous étions chez un ami. J’ai reçu un coup de téléphone chez mon ami, c’est lui qui a décroché. En l’espace de deux ou trois minutes, j’ai vu le visage de mon père se liquéfier. Il a commencé à taper sa tête contre le mur en répétant que ce n’était pas vrai.
J’ai refusé de regarder le cercueil, j’ai tourné le dos à mon frère. Je ne voulais pas avoir cette image en mémoire pour le restant de ma vie. Les dieux du football ont décidé de prendre la vie de mon frère sur le terrain, et de me mettre moi sur les terrains professionnels pour me donner une grande carrière. C’est comme ça que j’ai pris la chose. J’avais l’impression d’être en mission. Je m’étais promis de tout faire pour que la mémoire de mon frère soit honorée et pour redonner le sourire à ma famille.
Chaque match que j’ai fait, je faisais toujours les mêmes gestes. Quand j’arrivais sur le terrain, je prenais toujours un peu d’herbe dans la main et je la balançais. J’avais toujours une pensée pour mon frère, je regardais vers le ciel en sachant qu’il me protégeait. C’était un pacte entre lui et moi. Pour qu’il me protège sur le terrain, je devais tout donner.
Parce qu’il a perdu son frère sur un terrain de foot, Emmanuel Petit aurait pu se détourner de ce sport, il aurait pu avoir peur de subir le même sort. Mais c’est finalement l’inverse qui s’est produit. Il s’est servi de sa tristesse et de sa douleur pour se motiver au quotidien, de son premier à son dernier pas dans le monde professionnel. Cette Coupe du monde, il n’est pas parti la décrocher pour lui, il l’a aussi fait pour son frère.