Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Si le thème de la religion demeure un thème sensible dans le sport, Philippe Christanval n’a jamais caché sa conversion à l’Islam. Interrogé sur sa foi en 2016, l’ex-international français avait d’ailleurs adressé un tacle à son pays de naissance à ce sujet.
Il n’aura finalement jamais mené la carrière que l’on attendait de lui, son corps le trahissant à de trop nombreuses reprises. Un temps considéré comme un futur pilier de l’Équipe de France, Philippe Christanval n’a pas été en mesure de justifier les espoirs placés en lui malgré des débuts prometteurs à Monaco. Que ce soit à Barcelone, Marseille ou Fulham, les blessures l’ont empêché de s’exprimer pleinement.
L’ancien défenseur a cependant rapidement rebondi et oeuvre désormais dans l’immobilier, du côté de l’Angleterre. Fait intéressant, il s’était converti très tôt à l’Islam pendant sa carrière, pas une évidence à cette époque déjà. Interrogé par SoFoot en 2016, il n’avait pas mâché ses mots sur les rapports compliqués qu’entretiennent sport et religion :
Philippe Christanval s’exprime sur le rapport de la France à l’Islam
C’est un sujet qui n’est pas évident. Après, moi, personnellement, j’ai toujours préféré garder ma religion pour moi. Pour les repas en groupe, s’il y avait du poisson, je prenais du poisson. Mais je n’allais pas forcément faire de scandale pour avoir de viande halal. Mais c’est vraiment un sujet délicat en France. (…) On peut être footballeur et musulman pratiquant sans problème. Est-ce que j’ai arrêté le football par rapport à ma religion ? Non.
Convaincu que ses croyances ne mettaient pas un frein à sa carrière sportive, Christanval estimait toutefois que les choses étaient plus compliquées au sein de l’Hexagone. En particulier quand on compare la situation à celle outre-Manche, l’ancien de Fulham se montrant bien plus élogieux envers les mentalités en Angleterre. Que ce soit en privé ou dans la sphère publique, la France se montrerait bien plus frileuse quant à l’Islam :
À l’époque, j’avais 18 ans, je ne voulais pas trop en parler et c’est une journaliste qui en a parlé dans le Parisien. Je m’en rappellerai toute ma vie. C’était avant un match contre l’Italie. On jouait avec les Espoirs. Et mes parents l’ont appris comme ça. Ma mère était un peu… Comment dire ? Comme elle est très croyante, pratiquante, elle avait un peu d’appréhension, voilà. Mais après on a eu une discussion, et c’est allé mieux. Ce qu’elle espère, elle, c’est juste que ça me rende heureux.
Chacun est libre de vivre sa religion, sa non religion, sa vie, comme il l’entend. Et je trouve que les Anglais par rapport à ça, ils sont extraordinaires. Ils ont une ouverture d’esprit extraordinaire. Ils ont dépassé des débats qu’on a actuellement en France depuis bien longtemps. Aujourd’hui, j’ai 37 ans, ça va mieux. J’ai déjà fait plusieurs pèlerinages. Dont un avec Frédéric Kanouté. Il nous avait invité pour faire un match caritatif pour son association là-bas.