Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Ancienne quart de finaliste à Roland-Garros, Ons Jabeur a cette année été sortie dès le premier tour du Grand Chelem parisien. Cela ne l’a pas empêché de faire les gros titres en pointant du doigt la fédération française de tennis pour un choix jugé sexiste.
Certes dans le creux de la vague depuis quelques mois, elle devait malgré tout s’être présentée sur l’ocre parisien avec quelques ambitions. Malheureusement pour elle, Ons Jabeur n’a pas bénéficié d’un tirage au sort très favorable. Opposée à la tête de série polonaise Magdalena Frech au premier tour, elle s’est inclinée assez sèchement (7-6 [4], 6-0) avant de faire part d’un certain agacement en conférence de presse.
Ons Jabeur outrée par le traitement du tennis féminin à Roland-Garros
Lucide quant à sa prestation livrée ce mardi, Jabeur a également évoqué d’autres sujets devant les journalistes au sortir de son match. Parmi eux, les fameuses sessions de nuit organisées depuis peu à Roland-Garros, durant lesquelles les femmes n’ont toujours pas été mises à l’honneur cette année. Et il faut croire que les explications offertes par Gilles Moretton, le patron du tennis français, ne l’ont pas du tout convaincue :
Ons Jabeur : C’est dommage pour le sport féminin en général, pas uniquement pour le tennis. Je ne pense pas que ceux qui prennent ces décisions ont des filles, parce que je ne crois pas qu’ils les traiteraient comme ça s’ils en avaient. C’est un peu ironique. Ils ne montrent pas le sport féminin ni le tennis féminin et après, ils disent, « Oui, mais les fans regardent surtout les hommes. »
Bien sûr qu’ils regardent plus les hommes, étant donné qu’on montre plus les hommes à la télévision ! Tout est lié.
Logiquement remontée, l’ancienne n°2 mondiale n’a cependant pas cité à proprement parler les coupables dans cette affaire selon elle. Tout du moins dans un premier temps, puisqu’elle s’en est ensuite prise à la fédération française de tennis :
Ons Jabeur : C’est une honte de la part de la fédération et du diffuseur d’avoir signé ce contrat. Beaucoup de grandes joueuses méritent d’être là. L’un des matches de lundi opposait Naomi Osaka et Paula Badosa, un match incroyable. Elles auraient dû jouer en session de nuit, comme l’an dernier pour celui entre Iga Swiatek et Osaka. Beaucoup de grands matches féminins auraient dû obtenir ce traitement.
Soi-disant moins spectaculaires, et donc moins rentables, les rencontres féminines restent donc pour l’heure snobées par les organisateurs du Grand Chelem tricolore. L’occasion était pourtant belle d’y remédier ce mercredi. Suite au forfait d’Hugo Gaston, censé défier Ben Shelton à 20h15, un choc féminin aurait pu être reprogrammé en soirée. Au lieu de cela, c’est l’affiche entre Emilio Nava et Holger Rune qui a été choisie.