Par Guillaume Kagni | Journaliste sportif
Lorsqu’il est arrivé chez les Bulls en 1993, Toni Kukoc était déjà une référence. À 25 ans, il était un triple champion d’Europe, un MVP du Final Four et le cadre d’une sélection talentueuse. Pourtant, comme tout le monde, il a été bizuté par ses coéquipiers.
Il y a des traditions en NBA, et personne ne peut y échapper, pas même les meilleurs prospects. À leur arrivée dans la ligue, tous les jeunes doivent subir un bizutage qui dure généralement toute leur saison rookie. Certains doivent aller chercher le petit déjeuner tous les matins pour le reste du vestiaire, d’autres doivent porter les sacs des vétérans en déplacement.
Dans son excellent podcast, Jeff Teague expliquait même qu’il devait toujours avoir des préservatifs sur lui et qu’il devait être prêt à les distribuer aux anciens des Hawks pendant les déplacements. Invité dans l’émission de Stephen Brun sur RMC, la légende Toni Kukoc est revenue sur le traitement que lui ont réservé les Bulls pour sa première année. Rookie de 25 ans, il avait du mal à le digérer.
Toni Kukoc parle du bizutage des Bulls
Pour moi, partir d’Europe où j’avais énormément de succès et arriver à Chicago, c’était comme repartir à 0 dans ma carrière. Quand j’étais rookie, je devais apporter de la nourriture à mes coéquipiers, porter leurs sacs. Je devais accomplir toutes les tâches du rookie. Tu peux devenir fou, te dire que ce n’est pas à toi de faire ces choses, mais au final tu te mets tes partenaires à dos.
Mais tu peux aussi te dire que ça ne dure qu’un an et que c’est une épreuve qu’il faut surmonter. L’année suivante, c’est à un autre rookie de prendre cette place et de faire ces choses. J’ai porté les sacs pendant ma première saison. Je devais aussi les sortir de l’avion pour les mettre dans le bus. J’étais triple champion d’Europe et je devais porter les sacs d’autres joueurs. Il faut se dire que c’est amusant et que ça fait partie de l’expérience.
En arrivant en NBA, Toni Kukoc était déjà un triple champion d’EuroLeague, un multiple MVP du Final Four, un cadre de la sélection yougoslave puis croate. Concrètement, il était bien meilleur que certains joueurs des Bulls dont il devait porter les affaires de manière assez dégradante. Mais c’est la vie de rookie dans la ligue, personne ne peut y échapper.
Si Michael Jordan était à la retraite sur cette fameuse saison, il restait tout de même des garants de l’identité Bulls comme Scottie Pippen. Comment Toni Kukoc aurait-il pu refuser les demandes d’un champion aussi respecté que le n°33 ? S’il s’était mis le vestiaire à dos en faisant la star, il ne serait peut-être pas resté pour le second 3peat de Chicago.