Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Homme de caractère, David Douillet n’avait tout particulièrement pas mâché ses mots en 2013. L’objet de sa diatribe ? L’ancien judoka et ex-ministre des Sports s’en était pris frontalement aux organisateurs du Tour de France, estimant qu’ils ne pouvaient ignorer l’ampleur du dopage dans le peloton. Un coup de gueule retentissant, lancé avec colère et détermination, qui avait secoué le monde de la bicyclette.
Il n’a jamais eu peur de faire porter sa voix, et il n’a pas prévu de changer. Face aux sénateurs en 2013, David Douillet, double champion olympique de judo et ministre des Sports entre 2011 et 2012, avait vivement dénoncé ce qu’il percevait comme une hypocrisie généralisée autour des grandes compétitions cyclistes.
La charge de David Douillet contre le Tour de France
Il n’avait pas hésité à mettre en cause la responsabilité des organisateurs du Tour de France dans les affaires de dopage, alors que les scandales continuaient de ternir l’image du cyclisme professionnel. Selon le Rouennais, il est totalement illusoire de croire que ceux qui dirigeaient et structuraient la Grande Boucle pouvaient être restés aveugles à des pratiques aussi répandues. Une manière de briser un tabou tenace : celui d’un silence organisé au sommet.
Je souhaite évoquer le fait de pénaliser ceux qui organisent des événements où des faits de dopage sont avérés. On ne me fera pas croire, par exemple, que les organisateurs du Tour de France ne pouvaient pas ne pas savoir. Le Tour de France, c’est une grande caravane, un mois où tous les protagonistes vivent ensemble. Ce n’est pas possible qu’à un moment donné les organisateurs n’aient pas été au courant.
Avec cette déclaration sans appel, David Douillet avait frappé fort. Pour lui, il ne suffisait plus de sanctionner les sportifs convaincus de dopage : il fallait aller plus loin et s’attaquer à l’écosystème dans son ensemble, y compris aux structures qui, selon lui, avaient profité en silence de performances suspectes. C’était un changement de ton radical, porté par un ancien sportif de haut niveau, qui savait de quoi il parlait.
À l’époque, ces propos avaient suscité autant d’adhésion que de crispation. Tandis que certains saluaient le courage de David Douillet, d’autres, notamment du côté des organisateurs et de leurs soutiens, dénonçaient une attaque injuste. Amaury Sport Organisation (ASO), en particulier, avait réfuté toute connaissance de faits de dopage et rappelé son engagement dans la lutte antidopage.
Douze ans plus tard, les mots de David Douillet résonnent encore. Ils illustrent une époque où le cyclisme tentait de se relever de ses démons, et où la parole se libérait peu à peu sur les responsabilités partagées. Si le Tour de France a depuis renforcé ses dispositifs de contrôle, le débat sur la connaissance — ou non — des pratiques illégales reste vif dans les coulisses du sport.
Le coup de gueule de David Douillet avait mis en lumière un angle mort souvent évité : celui du rôle des organisateurs dans la lutte antidopage. Une question dérangeante, posée avec vigueur, et qui continue de hanter les couloirs feutrés du sport professionnel…