Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Trente ans ont passé depuis la première sélection de Zinédine Zidane en équipe de France. À l’heure des commémorations, l’ancien meneur des Bleus revient avec franchise sur la relation fondatrice qu’il a entretenue avec Aimé Jacquet, sélectionneur emblématique de la victoire de 1998. Entre confiance, exigence et coups de pouce du destin, Zidane dresse le portrait d’un homme clé de sa carrière.
Dès ses débuts internationaux, Zidane ressent que Jacquet compte sur lui, malgré des circonstances inhabituelles. « Ma première sélection ? Le 17 août 1994 contre la République Tchèque (…) But je ne dois pas y être… Youri se blesse et comme le match est à Bordeaux, Aimé Jacquet m’appelle pour des raisons pratiques. Je suis sur place. Mais je savais aussi que j’étais déjà dans sa tête. (…) », confie-t-il. Ce premier appel n’était donc pas une coïncidence, mais bien une marque de confiance prématurée.
Cette confiance, Jacquet la renforce progressivement, même après des performances encourageantes. « Après mes deux buts contre les Tchèques… il me met sur le banc pendant trois ou quatre matches. Puis, au fur et à mesure, il me lance et… il me disait : « C’est avec toi que je vais préparer ces compétitions. » », se souvient Zidane. L’ancien sélectionneur savait prendre son temps, persuadé que Zidane serait une pièce maîtresse de son projet.
Les mots d’Aimé Jacquet pour booster Zizou avant la finale
À l’approche de la finale de la Coupe du monde 1998, le rôle de Jacquet dépasse largement le cadre tactique. Zidane raconte :
Parler avec Aimé Jacquet avant la finale m’avait beaucoup aidé, il m’a enlevé de la pression, et il me répétait : « T’as pas marqué, mais ce n’est pas grave ». »
Jacquet a également su réveiller chez son joueur une forme de détermination inattendue. « Les jours avant la finale, Aimé Jacquet a mis l’accent sur les corners :
« Zizou, je sais que le jeu de tête n’est pas obligatoirement ton point fort… mais je te garantis que si tu y vas avec conviction tu peux faire quelque chose. » »
Deux coups de tête plus tard, Zidane inscrivait un doublé devenu légendaire.
Trente ans après, ces paroles résonnent comme autant de jalons dans la construction du mythe Zidane. Au fil des souvenirs, c’est l’image d’un duo fusionnel, d’un joueur et d’un sélectionneur unis par la confiance et l’intuition, qui s’impose. Derrière la légende de 1998, il y a l’empreinte d’un homme qui a su voir, écouter, et guider. Et ça, le fidèle « ZZ » ne l’a jamais oublié.
Une carrière est forcément marquée par la rencontre avec des hommes qui marquent, et Aimé Jacquet, au même titre de Rolland Courbis par exemple, en est assurément un pour Zinédine Zidane. Habité par une force tranquille inamovible, l’ancien sélectionneur des Bleus n’a jamais perdu confiance en Zizou – et ce dernier le lui a bien rendu…