Fils d’immigrés algériens, Zinédine Zidane très honnête : « De toute façon, moi… »

L'ancien footballeur français Zinédine Zidane, ici accompagné du drapeau de l'Algérie
Real Madrid (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Il est souvent bon de se rappeler d’où l’on vient pour mieux comprendre le chemin parcouru. Dans un documentaire poignant diffusé par Canal+ il y a quelques temps, Zinédine Zidane était ainsi revenu sur ses origines, son éducation, et la manière dont il a vécu sa réussite, lui l’enfant d’immigrés algériens venus s’établir à Marseille.

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Zinédine Zidane, né à Marseille de parents venus d’Algérie dans les années 1950, n’a jamais oublié ses racines. Dans le documentaire, il évoque avec franchise la réalité de son parcours. « Zizou », comme le surnomme affectueusement toute une génération, parle calmement, mais avec une intensité rare. Il évoque les différences de traitement, les obstacles invisibles, et cette sensation d’avoir toujours dû prouver davantage que les autres. Une déclaration en particulier frappe par sa lucidité :

« Même si je n’étais pas touché moi, directement, les autres qui sont à côté de moi sont comme moi, ils ne sont pas différents. De toute façon, c’est sûr que c’est compliqué. C’est plus compliqué pour celui qui a des origines étrangères, il y a toujours un regard différent de la part des autres ».

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Le conseil clair des parents de Zinédine Zidane envers lui

Ce regard, Zidane ne l’a jamais nié. Il l’a ressenti, il l’a porté, mais surtout, il a choisi d’y répondre à sa manière : par le travail. Loin des discours victimaires, l’ancien numéro 10 raconte avec une certaine pudeur ce qui l’a poussé à aller toujours plus loin. L’effort, le sérieux, la discipline. Et l’exigence inculquée très tôt par ses parents, originaires de Kabylie :

« Mes parents me disaient que je devais travailler deux ou trois fois plus que les autres pour réussir ».



Ce témoignage, simple mais fort, montre à quel point la réussite de Zinédine Zidane ne tient pas qu’à son talent. Bien sûr, la grâce de son jeu, ses contrôles orientés et ses passes millimétrées l’ont propulsé au sommet. Mais derrière, il y a un homme qui n’a rien reçu sans l’avoir mérité. Le Ballon d’Or 1998 le dit avec une fierté calme, presque dure :

« Moi j’ai travaillé de toute façon, je le dois à la sueur de mon front. Il n’y a personne qui m’a aidé. Il y a mes entraîneurs qui m’ont fait confiance, mais je l’ai gagné, j’ai travaillé, j’étais sérieux ».

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Ce discours résonne aujourd’hui comme un rappel salutaire. Alors que les débats sur les questions d’identité et d’intégration restent vifs en France, Zidane, lui, incarne une forme d’équilibre rare : fier de ses origines algériennes, profondément attaché à la France. Ni posture, ni flammes attisées. Juste une parole d’homme, enracinée dans une expérience bien réelle, et qui peut parler à toute une jeunesse parfois en quête de repères.

Son succès, Zidane ne le revendique pas comme une revanche. Il le présente comme un parcours possible. Son message n’est ni politique, ni revendicatif, mais profondément humain. Il montre ce que peut produire la confiance en soi, le travail et le mérite, sans rien nier des difficultés rencontrées par certains. Un message juste, comme très souvent venant de notre « Zizou » national !

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