Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Quand deux nations de football aussi prestigieuses que la France et l’Argentine s’affrontent, le cœur peut vaciller, surtout pour ceux qui ont des racines dans les deux camps. C’est justement le dilemme vécu par David Trézéguet, figure emblématique du ballon rond, à la veille d’un choc planétaire. Avant la finale de la Coupe du monde 2022, l’ancien attaquant s’est confié avec sincérité sur ce tiraillement si particulier.
Il est né à Rouen, a grandi à Buenos Aires, et a marqué l’histoire de l’équipe de France avec, entre autres, un but en or en finale de l’Euro 2000. David Trézéguet, c’est l’homme aux deux patries, à la double culture footballistique profondément ancrée. À la veille de la finale de la Coupe du monde au Qatar entre la France et l’Argentine, l’ancien buteur de la Juventus s’était livré lors d’un entretien avec Tyc Sports. Et dès les premiers mots, on avait bien senti que l’émotion l’emportait sur la neutralité.
David Trézéguet penchait plutôt pour l’Argentine en 2022…
« Trézégoal » n’avait pas caché pas son trouble, ni la complexité de la situation. Champion du monde en 1998 avec les Bleus, champion d’Europe deux ans plus tard, mais aussi formé dans les rues argentines, Trézéguet parlait avec une forme de respect et de pudeur. D’ailleurs, il prenait le temps d’expliquer son ressenti avant de trancher, comme s’il cherchait à ne blesser personne, ni à faire trop pencher la balance.
« C’est difficile personnellement et émotionnellement… Je ne souhaitais pas cette finale, mais il faut célébrer ça, c’est un grand match. C’est ce que nous attendions tous, compte tenu de nos caractéristiques, de notre histoire… Ce sont les deux meilleures équipes de la Coupe du monde.
Qui je préfère ? C’est dur, mais… Je le répète sans cesse, avec émotion, sachant que ce sera sa dernière Coupe du monde, Leo mérite d’être champion. Il fait rêver, mais cela n’enlève rien à l’ambition de la France de remporter le titre »
L’ancien monégasque semblait peser chaque mot, sans jamais renier son passé français, certes, mais laissant transparaître une certaine admiration, voire une tendresse particulière pour Lionel Messi et l’Argentine. Il n’avait certes pas directement dit « je soutiens l’Argentine », mais entre les lignes, l’inclinaison était bel et bien perceptible.
Cette prise de position, même nuancée, avait forcément fait réagir. Car pour beaucoup, Trézéguet incarne un pan glorieux de l’histoire des Bleus. Pourtant, il n’est pas le seul joueur à naviguer entre deux identités, et à ressentir ce genre de tiraillement lors de confrontations de haut niveau. Son témoignage rappelle aussi la beauté du sport, et cette capacité qu’il a à faire vibrer plusieurs cordes à la fois dans une même âme.
Finalement, ce que soulignait David Trézéguet, au-delà du duel entre ses deux pays, c’est la reconnaissance d’un moment d’histoire. Une finale entre deux géants, marquée par un Messi au sommet de son art et une équipe de France ambitieuse. Avec, comme chacun sait, une victoire pour les sud-américains au bout de ce combat épique…