Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
En plus d’avoir marqué l’histoire du judo français et collectionné les médailles comme d’autres collectionnent les cartes Panini, Teddy Riner a aussi tenté l’aventure télé. Et pas n’importe laquelle : Fort Boyard. L’émission culte, aussi drôle que piégeuse, lui a toutefois laissé un goût franchement amer. Et il n’a pas mâché ses mots pour en parler.
Être une star, c’est (presque) obligatoirement faire « Fort Boyard ». C’est dans les colonnes de L’Équipe Magazine, en 2011, que Teddy Riner était revenu sur ce passage délicat au sein de l’émission. À l’époque, le judoka est déjà un géant du sport français, auréolé de ses premiers titres mondiaux. Curieux et bon camarade, il accepte de participer à l’émission pour la bonne cause, comme le veulent les règles de Fort Boyard. Mais une épreuve en particulier va tout faire basculer.
Teddy Riner se dit piégé par « Fort Boyard »
On est loin des tatamis et des combats contrôlés. Ce jour-là, Teddy Riner se retrouve dans une cellule étroite, face à ce qu’il redoute le plus au monde. Une peur qu’il avait pourtant clairement exprimée, affirme-t-il. Et il ne va pas digérer le piège tendu par la production. Dans cette interview désormais vieille de près de quinze ans, il livre une déclaration sans appel, entre colère froide et dégoût assumé :
« J’aime pas les serpents, je l’ai dit. J’aime pas les serpents ! Plus jamais je n’y serai candidat. Fini ! Avant les épreuves, je les avais prévenus que je ne voulais ni serpent, ni araignée. J’en ai la trouille. Ils n’ont rien trouvé de mieux que de m’enfermer avec un gros serpent jaune… Quelle peur ! Ils m’ont trahi, ils peuvent m’oublier. »
Ces mots forts résonnent encore aujourd’hui comme le témoignage d’un moment de rupture. Riner, d’habitude plutôt posé, n’a pas du tout aimé se sentir piégé. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que sa participation à Fort Boyard a tourné à l’expérience traumatisante. À ses yeux, la confiance qu’il avait placée dans l’équipe de production a été tout simplement trahie.
Face à ces accusations, la production avait tenu à réagir, rappelant sa version des faits et un fonctionnement qui, selon elle, n’était pas basé sur la contrainte :
« On ne leur demande pas leurs phobies (aux candidats, ndlr), on leur demande quelle peur ils aimeraient surmonter. L’idée c’est (…) d’aller au-dessus de ses peurs. S’ils préviennent dans les commentaires du questionnaire qu’ils ont une peur paralysante, on ne leur impose pas, ce n’est pas le but. Teddy n’avait pas fait de remarque particulière »
Ce décalage entre les perceptions illustre bien l’ambiguïté de certaines émissions télé, où la frontière entre dépassement de soi et piège psychologique peut parfois sembler floue. Pour Teddy Riner, en tout cas, l’épisode est clos depuis longtemps. Mais dans les coulisses du Fort, on se souvient encore du passage du colosse, et surtout de sa sortie… musclée.