Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
On le connaît pour sa chevelure blonde, son franc-parler, et bien sûr, son but légendaire lors de la finale de la Coupe du monde 1998. Emmanuel Petit continue de faire parler de lui, parfois là où on ne l’attend pas. Dans une déclaration aussi surprenante que révélatrice, l’ex-international français aviat ainsi évoqué un pays dans lequel il lui est encore aujourd’hui déconseillé de poser les pieds.
Il y a des victoires qui laissent des traces, et pas seulement dans les livres d’histoire. Vainqueur de la Coupe du monde 1998 avec les Bleus, Emmanuel Petit a inscrit le troisième but face au Brésil, en clôture d’un match historique. Un but qui, pour les Français, reste un souvenir gravé dans le marbre… mais qui a laissé chez certains une rancune tenace. Au détour d’une émission diffusée il y a quelques années sur SFR Sport, le champion du monde a raconté une anecdote aussi cocasse qu’inquiétante sur sa relation avec le peuple brésilien.
Emmanuel Petit pas en odeur de sainteté au Brésil
L’histoire commence pourtant de manière tout à fait amicale. Petit évoquait alors sa proximité avec Rivaldo, l’un des joyaux de la Seleção dans les années 90. Tous deux s’appréciaient sur et en dehors des terrains, malgré la rivalité sportive intense entre leurs sélections. Mais cette camaraderie n’a pas suffi à apaiser les tensions collectives d’un peuple très, très, très attaché à son football et encore meurtri par l’humiliation du 12 juillet 1998.
« J’étais assez proche de Rivaldo. En 2000, deux ou trois semaines avant Noël, il vient me voir et me demande ce que je fais pendant les fêtes. Je lui dis que je ne sais pas si je le passe en famille ou au soleil car on n’a pas beaucoup de temps. C’est alors qu’il me dit qu’il aimerait bien m’inviter au Brésil. Une semaine plus tard, il me fait : « Tu sais ce dont on a parlé la semaine dernière ? », en fait, ce n’est pas une bonne idée, ce n’est pas le bon timing. Les gens n’ont pas trop envie de te voir là-bas' »
Le message est clair : malgré l’invitation personnelle d’une légende brésilienne, l’ex-Gunner représentait encore une figure trop sensible au Brésil. Un symbole d’un traumatisme collectif encore vif à l’époque, au point que sa simple présence dans le pays aurait pu poser problème, voire mettre sa sécurité en jeu. Pour beaucoup de Brésiliens, le nom d’Emmanuel Petit reste synonyme de cauchemar footballistique.
Ce rejet n’a rien d’une querelle personnelle, mais illustre parfaitement à quel point le football peut transcender les émotions, les souvenirs… et les rancunes. Le peuple brésilien, passionné à l’extrême par son équipe nationale, n’a pas digéré cette défaite subie en finale d’un Mondial que tout un pays croyait promis à la Seleção. L’idée même qu’un des bourreaux de cette soirée mythique puisse fouler leur sol, même des années après, restait tout simplement impensable.
Aujourd’hui encore, Emmanuel Petit en sourit, mais ne cache pas un certain étonnement face à la longévité de cette animosité. Si le temps a sans doute fait son œuvre depuis, cette anecdote rappelle que certaines victoires, aussi glorieuses soient-elles, laissent des traces durables… surtout lorsqu’elles brisent le rêve d’un peuple tout entier.