Parti 9 ans en Angleterre, l’aveu très honnête de Patrick Vieira : « Difficile de revenir en France car… »

Patrick Vieira
Winamax (DR)

Par Joël Pütz | Journaliste sportif

S’il est une légende du football français, Patrick Vieira a toujours entretenu une relation compliquée avec l’Hexagone. Alors qu’il était proche de la retraite, le champion du monde 1998 expliquait d’ailleurs rechigner à rentrer au pays pour une raison précise.

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Pendant une quinzaine d’années, il a côtoyé certains des plus grands clubs de la planète. Parti de Cannes en 1995, Patrick Vieira a ensuite alterné entre la Serie A et la Premier League, lui qui s’est notamment fait un nom à Arsenal où il a disputé plus de 400 matchs toutes compétitions confondues. On l’a également vu porter le maillot de la Juventus ainsi que des deux clubs milanais, malgré son échec au Milan AC.

2010-11 l’a vu disputer sa dernière saison en carrière à Manchester City, toujours en Angleterre donc. Son expérience sur les terrains français s’est ainsi limitée à 61 matchs , un échantillon particulièrement faible. Interrogé par Le Monde en décembre 2010, la légende des Bleus avouait d’ailleurs du mal à s’imaginer revenir dans son pays :

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Patrick Vieira explique ses réticences à revenir en France

On m’a souvent dit que je terminerais ma carrière au Paris Saint-Germain. J’aime ce club, je les vois même gagner le championnat, mais malheureusement je n’ai jamais eu de contact avec le club. C’est difficile pour moi de revenir vivre en France, car j’ai trouvé en Angleterre une ouverture d’esprit qu’il n’y a pas dans mon pays. Ici, les Noirs, les Africains, les étrangers, trouvent une place dans la société, plus qu’en France. Ça me fait mal de faire ce constat.



En banlieue, les gens se sentent à part, alors qu’ils veulent s’en sortir. Ils s’estiment plus représentés dans la diversité de l’équipe de France que par la classe politique. Je suis Français d’origine sénégalaise, je suis fier de mes origines, c’est important de savoir d’où l’on vient pour avoir des repères. Je me sens concerné par ce débat, car je fais partie des gens qui sont catalogués. Quand nous avons gagné la Coupe du monde en 1998, on célébrait la France « black-blanc-beur ».

Après le Mondial en Afrique du Sud, on a entendu qu’il y avait trop de Noirs chez les Bleus. Il y a une ministre des sports (Roselyne Bachelot, ndlr) qui a balancé des trucs sans réfléchir, ça devient ridicule. C’est facile de pointer les footballeurs, leur reprocher de gagner trop d’argent. Mais le problème de la société, c’est l’argent, pas le footballeur. Est-ce qu’il mérite de gagner autant ? Chacun à son opinion. L’argent est là, pourquoi ne pas le prendre ?

Cette relation compliquée avec l’Hexagone, Vieira l’a d’ailleurs également connue une fois qu’il est devenu entraîneur. Ses deux expériences à Nice puis à Strasbourg n’ont guère été couronnées de succès, et il avait même quitté l’Alsace au bout d’une saison. Il est d’ailleurs reparti en Italie où il coache le Genoa CFC. ll ne rentrera pas de sitôt.

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