Le coup de gueule très osé d’Amélie Mauresmo : « J’en ai un peu marre que la France… »

Amelie Mauresmo en interview
France TV (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Elle s’est affirmée au fil des années, et c’est peu dire. En 2003, Amélie Mauresmo n’avait déjà pas mâché ses mots à la veille d’un rendez-vous crucial. Entre confiance assumée et pression revendiquée, la Française s’était exprimée avec une audace rare dans le monde du sport de haut niveau. Retour sur une sortie marquante — et prophétique — d’une joueuse au franc-parler bien trempé.

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Dans le monde feutré du tennis professionnel, où chaque mot est pesé, calibré, souvent édulcoré, rares sont ceux qui osent hausser le ton avant que les faits ne viennent leur donner raison. Et pourtant, au printemps 2003, Amélie Mauresmo a brisé ce code tacite avec une déclaration fracassante, à la veille du premier tour de la Fed Cup entre la France et la Colombie. À l’époque, Mauresmo était l’un des piliers d’une équipe de France en quête de rédemption, plusieurs années après sa dernière grande performance dans cette compétition.

Quand Amélie Mauresmo tapait du poing sur la table

Ce n’est pas tant la confiance qu’elle a affichée qui a surpris, mais bien la fermeté du message. Alors que la plupart des sportifs préfèrent la prudence dans les pronostics, surtout avant une rencontre internationale, Amélie Mauresmo a pris tout le monde de court. Interrogée avant cette confrontation sur terre battue, elle a lâché, sans détour :

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« Nous partons favorites sur le papier même s’il ne faut pas les prendre de haut du fait qu’elles ne sont pas très bien classées. Il faut gagner cette rencontre car j’en ai un peu marre que la France ne brille pas dans cette épreuve depuis quelques années »

Un ton direct, assumé, presque provocateur — qui tranchait avec les discours habituels. Mais le plus remarquable, c’est que cette prise de parole audacieuse a été suivie d’actes ! L’équipe de France, menée par Mauresmo, a balayé la Colombie 5-0, avant d’écraser l’Espagne 4-1, de dominer la Russie 3-2 en demi-finale, puis de triompher des États-Unis 4-1 en finale. Une performance exceptionnelle, couronnée par l’un des deux seuls titres français en Fed Cup du XXIe siècle.

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Ce qui rend cette déclaration encore plus marquante, c’est sa temporalité. Il est facile de bomber le torse une fois le trophée en main. Il l’est beaucoup moins de le faire avant même le début du premier match, avec la pression du résultat en ligne de mire. En affichant ainsi sa volonté de voir la France briller, Amélie Mauresmo n’a pas seulement pris un risque médiatique : elle a incarné le rôle de leader, motivant ses coéquipières par ses mots autant que par son jeu.

Dans un monde sportif où la communication est souvent ultra-verrouillée, l’ancienne numéro un mondiale a, ce jour-là, choisi une autre voie. Celle de la transparence, de la responsabilité et de l’ambition. Elle a posé les mots que d’autres n’osaient plus dire, et elle l’a fait au nom d’un collectif trop souvent relégué au second plan derrière les exploits individuels.

Vingt ans plus tard, cette prise de parole résonne encore comme un modèle de leadership assumé. Pas seulement parce qu’elle a été suivie de succès, mais parce qu’elle a capturé un moment rare : celui où une athlète de haut niveau ose dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, avec la conviction que la parole peut précéder l’exploit.

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