Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Yannick Noah n’a jamais mâché ses mots, et les exemples ne manquent pas. En 2013, l’ancien champion de tennis et chanteur engagé avait d’ailleurs livré un avis très tranché sur une figure alors au cœur de la tourmente : Lance Armstrong. Dans une interview diffusée sur TF1, il n’avait pas hésité à exprimer toute sa colère et sa déception face à l’affaire qui secouait le monde du cyclisme et bien au-delà.
Ce jour-là, Yannick Noah s’exprimait sur les dérives dans le sport, un sujet qui lui tient à cœur depuis toujours. Dans cet échange, l’ex-sportif évoquait sans le nommer immédiatement l’un des plus grands scandales de dopage de l’histoire moderne, celui qui a mis à terre un mythe du Tour de France. Il parlait avec une sincérité brutale, comme à son habitude, dénonçant ce qu’il voyait comme une trahison profonde des valeurs sportives.
Yannick Noah sans pitié avec Lance Armstrong
Lance Armstrong venait alors de reconnaître, lors d’une interview avec Oprah Winfrey, avoir eu recours au dopage tout au long de sa carrière. Une confession tardive, qui n’avait pas convaincu tout le monde – loin de là. Parmi les voix les plus critiques, celle de Yannick Noah s’était faite entendre avec force. Sur TF1, il avait déclaré :
« Au fait de tricher, il a ajouté une espèce d’arrogance. Il a pourri le truc. Il a insulté la France, le Tour de France, tout le monde, les potes, les coéquipiers. Ceux qui ont dit la vérité. Moi je n’ai aucune, mais aucune, compassion pour lui. J’ai tout regardé des States, l’interview avec Oprah Winfrey. Au bout de dix minutes, j’étais affligé »
Cette sortie, à l’époque, avait fait écho à l’indignation générale. Mais la manière dont Noah l’avait formulée tranchait avec la retenue de nombreuses autres figures du sport. Il n’y avait pas de faux-semblants, pas d’atténuation. Juste une opinion tranchée, assumée, et très représentative de ce qu’il est : un homme droit, allergique à l’hypocrisie.
br>Yannick Noah, déjà retiré des terrains depuis longtemps, avait alors pris la parole comme un ancien sportif, mais aussi comme un citoyen profondément attaché à l’éthique. Ce n’était pas la première fois qu’il dénonçait les dérives du sport professionnel – il s’était montré tout aussi direct à propos d’autres disciplines, comme l’athlétisme ou le football. Mais avec Armstrong, il y avait une dimension symbolique plus forte encore.
Dans ses propos, on sentait une déception personnelle, presque intime. Comme si l’image du héros s’était effondrée sous ses yeux. Pour Noah, le problème ne résidait pas seulement dans la triche, mais dans ce qu’il appelait l’“arrogance” d’Armstrong : ce refus d’assumer, ce mépris pour ceux qui avaient osé dire la vérité plus tôt.
Aujourd’hui encore, ces mots résonnent comme un rappel : au-delà des performances, c’est l’intégrité qui compte. Et Yannick Noah, à sa manière, avait remis les pendules à l’heure.