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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Faut-il l’égalité salariale dans le monde du tennis entre le circuit masculin et féminin ? La question revient régulièrement sur la table et déchaîne les passions dans un sens comme dans l’autre. Il y a quelques semaines, c’est Marion Bartoli qui a tapé du poing sur la table – est pas qu’un peu…
Le débat est sur courant alternatif depuis plusieurs années, et il a été relancé récemment par une déclaration pour le moins provocatrice. Tout est parti d’une interview de l’ancien joueur russe Nikolay Davydenko. Celui-ci, interrogé sur l’égalité salariale entre joueurs et joueuses, a estimé qu’il n’y avait tout simplement pas lieu de comparer et de revendiquer quoi que ce soit :
« Dans les tournois de catégorie 250, 500, 1000, c’est possible. Mais quand on parle de tournois du Grand Chelem… Vous ne jouez pas des matchs en cinq sets. Serena Williams a remporté les Grands Chelems, perdant seulement 10 jeux au cours du tournoi. Elle gagnait 6–0, 6–1, 6–2 sans même transpirer ni se sentir stressée. Et les hommes perdent 10 jeux rien que sur le premier match, il faut se battre. Il arrive que vous jouiez un cinq sets au premier tour, puis vous perdez. Les joueurs de tennis masculins travaillent trois fois plus que les joueuses de tennis, notamment lors des tournois du Grand Chelem. Il est donc injuste de les payer de manière égalitaire. »
Ces mots, jugés condescendants par de nombreuses observatrices et observateurs du tennis, n’ont pas laissé Marion Bartoli indifférente. Très active dans les médias et toujours impliquée dans le débat autour de la reconnaissance du tennis féminin, elle n’a pas tardé à réagir, sur un ton ferme et sans équivoque. Selon elle, les propos de Davydenko sont non seulement injustes, mais surtout infondés sur le plan sportif.
Marion Bartoli vs. Nikolay Davydenko : clash sur l’égalité salariale
Voici la réponse cinglante de l’ancienne joueuse française :
« J’aimerais quand même rappeler à Nikolay Davydenko que quand Roger Federer, en 2017, gagne Wimbledon sans perdre un set, en mettant que des branlées du premier au dernier tour, le taux horaire sur le terrain devait être à peu près égal à celui de Serena Williams lors de ses victoires en Grand Chelem. Il y a quand même des matchs de filles qui ont dépassé les quatre heures. Des matchs extrêmement longs dans le tennis féminin, il y en a eu énormément et des matchs extrêmement courts dans le tennis masculin, il y en a eu aussi. Davydenko a complètement tort, du début jusqu’à la fin. Et les exemples qu’il cite, ils sont absolument ridicules. »
Cette passe d’armes relance un débat qui agite régulièrement le monde du tennis : celui de l’égalité des primes et du respect entre les circuits masculins et féminins. Ce n’est pas la première fois que des figures du circuit ATP critiquent cette parité salariale. Rafael Nadal ou encore Novak Djokovic ont eux aussi exprimé, par le passé, leur scepticisme face à cette égalité, estimant que la différence de format (3 sets pour les femmes, 5 pour les hommes en Grand Chelem) justifiait une différence de rémunération.
Or, ce point de vue est loin de faire consensus. De nombreuses voix, à l’instar de celle de Marion Bartoli, rappellent que l’intensité d’un match ne se mesure pas uniquement en nombre de sets ou en durée, mais aussi en efforts physiques, en préparation, en stress et en impact médiatique. Elles dénoncent une vision dépassée du sport de haut niveau, qui tend à minimiser la performance des femmes sur les courts.
En s’attaquant frontalement à Nikolay Davydenko, Bartoli envoie donc un message fort, et appelle à plus de respect et d’équité dans le traitement du tennis féminin. Reste à voir si cette nouvelle prise de parole aura un impact réel sur les mentalités – ou si elle ne fera que rallumer les braises d’un conflit qui, depuis des années, divise les amateurs et professionnels de la petite balle jaune.
