Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Il n’est jamais resté très silencieux, surtout quand il s’agit de dire ce qu’il pense. Emmanuel Petit, ancien champion du monde 1998, ne mâche pas souvent ses mots quand il parle de la France et du regard porté sur les sportifs. Dans une interview passée mais toujours aussi tranchante, il avait livré un constat amer sur l’état d’esprit national. Une sortie sans filtre, cash, percutante… Bref, à son image !
Tout le monde se souvient de la crinière dorée d’Emmanuel Petit lors de la finale de la Coupe du Monde 1998, symbole d’une génération héroïque. Mais derrière le héros national se cache aussi un homme libre, au franc-parler inaltérable. Invité il y a quelques années à revenir sur son rapport à la France, l’ancien milieu de terrain n’avait pas tourné autour du pot. Il avait brossé un portrait sans concession du pays qui l’a vu naître — et qu’il n’a pas épargné.
Il faut dire que dans cette interview accordée à sports.fr, Emmanuel Petit avait vidé son sac avec une virulence très prononcée.
Emmanuel Petit pas tendre envers la France et les Français
« J’ai beaucoup de mal avec les Français, je n’ai jamais vu un peuple aussi arrogant, suffisant, menteur et hypocrite. (…) Cela fait des siècles que tous les sportifs, pas seulement les footballeurs, sont méprisés par les élites de notre pays. On considère que c’est l’apanage des gueux, que c’est uniquement un ascenseur social pour les pauvres. Aux Etats-Unis, on tire les sportifs vers le haut, ils sont des fiertés nationales, on leur donne de l’importance. En France, c’est le contraire. Alors, oui, les politiciens s’amassent rapidement lors des grandes victoires nationales pour récupérer les efforts des sportifs.
Nous tentons un minimum d’être la fierté de notre pays. Cela a été le cas lors de la Coupe du monde 98. On m’en parle encore, on rappelle de bons souvenirs. Après, ce n’est que du foot. La société ne donne pas autant de bonheur. Les politiciens sont omniprésents pour tout contrôler, mais n’ont aucune crédibilité, encore moins des compétences. Quand Brandao prend un mois de prison pour un coup de tête, Cahuzac est encore en liberté, Thévenoud siège toujours à l’Assemblée nationale. Et on ne parle que de ceux qui ont été pris la main dans le sac. Ils ont le pouvoir et veulent surtout l’argent. »
Ce coup de gueule, bien que prononcé il y a plusieurs années, garde une résonance brûlante d’actualité. Emmanuel Petit n’a jamais supporté l’hypocrisie d’un pays qui encense ses héros un jour et les oublie le lendemain. Pour lui, le traitement des sportifs en France est révélateur d’un mal bien plus profond : le mépris des élites envers les symboles populaires, et un manque flagrant de reconnaissance structurelle.
L’ancien joueur d’Arsenal dénonçait aussi l’opportunisme politique, cette tendance à récupérer les exploits sportifs à des fins d’image, sans jamais s’attaquer aux vrais problèmes. Il pointait du doigt l’impunité de certains responsables, contrastant violemment avec la sévérité parfois absurde infligée à des figures du sport. Une colère froide, fondée… et presque prémonitoire une dizaine d’années plus tard…