Emmanuel Petit (54 ans) cash : « L’erreur des Français d’aujourd’hui, c’est ça »

Emmanuel Petit (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Il y a des voix qui résonnent plus fort que d’autres, surtout quand elles viennent d’anciens champions qui ont marqué leur époque. Emmanuel Petit, champion du monde 1998, ne mâche jamais ses mots. Et quand il parle des générations actuelles de footballeurs français, il le fait avec franchise, utilisant le regard aiguisé de celui qui a tout connu.

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À 54 ans, Emmanuel Petit continue de faire entendre sa voix dans le paysage footballistique français. Le champion du monde et d’Europe, passé par Monaco, Arsenal, Chelsea et Barcelone, reste un observateur avisé de l’évolution du football moderne. Et lorsqu’on lui tend un micro, il ne manque jamais l’occasion de dire ce qu’il pense, même si cela dérange.

Emmanuel Petit, Mbappé, Giroud : l’exemple à suivre

Interrogé par Le Figaro sur le conseil qu’il donnerait aux jeunes internationaux français, l’ancien milieu de terrain ne passe pas par quatre chemins. Il parle d’intégration, de respect des cultures locales, et surtout, de langue. Pas exactement ce à quoi on s’attend dans un milieu souvent focalisé sur le terrain. Mais pour Petit, c’est fondamental :

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« De se mettre au Catalan le plus vite possible. Je sais que certains Français aujourd’hui quand ils vont à l’étranger n’apprennent pas les langues, les coutumes. C’est une erreur. Souvent, on s’aperçoit quand il y a un clash dans le domaine sportif, que ça ne va pas bien non plus dans la sphère privée, parce qu’il y a une incompréhension qui est issue de là. Plus tu montres aux gens que tu fais l’effort de t’intégrer, mieux tu comprendras le club dans lequel tu vivras. »

Cette déclaration sonne comme un coup de semonce dans un monde où l’on pense souvent que le talent suffit. Pour l’ex-Gunner, faire l’effort d’apprendre la langue et de comprendre les codes culturels locaux est une marque de respect — et un levier essentiel d’adaptation. À ses yeux, ignorer cela conduit trop souvent à des malentendus, voire à des échecs, aussi bien sportifs qu’humains.

Et force est de constater qu’il prêche par l’exemple. Lors de sa courte expérience au FC Barcelone, Petit avait appris le catalan en quelques mois seulement, au point de donner une interview dans cette langue en pleine saison. Un geste fort, largement salué à l’époque en Espagne. Un engagement que l’on retrouve aujourd’hui chez des joueurs comme Kylian Mbappé, qui a très vite entamé l’apprentissage de l’espagnol depuis plusieurs mois, ou Olivier Giroud, qui a su s’imposer dans plusieurs vestiaires étrangers grâce à sa volonté d’adaptation, que ce soit en Italie ou en Angleterre.

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Mais tout le monde ne suit pas cette voie. Certains tricolores continuent d’arriver dans des clubs étrangers avec la conviction que leur talent suffira. Un pari risqué, estime Petit, qui observe régulièrement des incompréhensions culturelles mal gérées, parfois fatales pour une carrière.

En somme, le quinquagénaire n’est pas nostalgique : il est exigeant. Pour lui, porter le maillot d’un grand club européen implique un minimum d’effort et de respect. Son message n’est pas uniquement destiné aux jeunes footballeurs, mais à toute une génération qui, parfois, oublie que l’humilité est aussi une qualité de champion…

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