À 70 ans, Bernard Hinault toujours aussi franc : « La France ne mérite pas ça »

France TV (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Cinq fois vainqueur du Tour de France, champion au caractère bien trempé et voix incontournable du cyclisme français, Bernard Hinault n’a jamais été du genre à mâcher ses mots. À l’aube d’une nouvelle édition de la Grande Boucle, il livre un regard tranchant, mais lucide sur l’état du cyclisme hexagonal et les espoirs qui peinent à percer. À 70 ans, il reste toujours aussi passionné… et cash !

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Les faits sont là : cela fait désormais quarante ans que le maillot jaune final a échappé à un coureur français. Une éternité pour un pays qui a vu naître la plus grande course cycliste au monde. En 1985, Bernard Hinault entrait lui dans la légende avec son cinquième Tour de France. Depuis, aucun Français n’a réussi à marcher sur ses traces. Et l’intéressé lui-même le dit sans détour.

« Tant qu’un Français n’aura pas remporté le Tour, on parlera de moi, mais le jour où il y en aura un qui va arriver, ça va être la fête. Je serais vachement content qu’il y en ait un qui arrive et me succède. Parce que la France ne mérite pas, le cyclisme français ne mérite pas une telle pénurie, un laps de temps aussi important sans avoir un champion qui gagne le Tour »

Ce constat, amer mais sincère, Bernard Hinault l’a livré dans une interview accordée au Figaro, à quelques jours du départ de l’édition 2025. Car si le Breton ne roule plus sur les routes de France, il garde un œil aiguisé sur le peloton. Et il ne peut s’empêcher d’espérer un renouveau tricolore, tout en dénonçant une forme d’attentisme stratégique chez les coureurs français actuels.

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Bernard Hinault lucide sur les chances françaises pour 2025

À l’écoute du « Blaireau » le problème n’est pas tant le talent, mais plutôt la manière d’aborder la course. Selon lui, la recherche du classement général bride les ambitions, là où l’audace pourrait créer la surprise. Son conseil pour cette édition 2025 est clair, presque brutal, mais porteur d’une logique tactique implacable :

« Qu’ils se montrent ! Et peut-être qu’ils changent de tactique, peut-être qu’il faudrait voir à gagner des étapes plutôt que viser un top 10 au classement général, parce que je ne vois pas comment ils pourraient gagner le Tour. Ou alors il faudrait que tous les autres abandonnent… Mais on a des coureurs qui sont capables de faire des beaux numéros. Il ne faut pas être dans les dix premiers, parce que personne ne va vous laisser partir. Il faut être cinquantième, soixantième. Donc il faut qu’ils soient malins, qu’ils sautent sur les occasions. Il faut se remettre dans la tête ce que faisait Virenque. »

Hinault fait ici référence à Richard Virenque, septuple vainqueur du maillot à pois et figure populaire du cyclisme offensif des années 1990 et 2000. Un style tout en panache, loin des calculs d’ordinateurs et des watts mesurés au millimètre. Pour lui, c’est ce panache qui manque cruellement à la génération actuelle.

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Et ce message n’est pas une simple critique. C’est un appel, presque un cri du cœur d’un ancien champion pour voir enfin émerger un successeur. Pas forcément pour effacer son nom, mais pour faire vivre à nouveau le frisson d’une victoire française sur les Champs-Élysées. Car au fond, Hinault ne rêve que d’une chose : ne plus être « le dernier ».

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