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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Quand on pense à Jean Tigana, on pense au joueur élégant, discret, pilier du « Carré magique » des années 80. Pourtant, derrière ce calme apparent, se cachait parfois une langue bien plus tranchante. Et c’est un certain Didier Deschamps qui en a fait les frais à ses débuts à l’OM. Une phrase violente, balancée sans détour, et qui pique !
C’était une autre époque, une autre ambiance, un autre football. Dans les vestiaires de l’Olympique de Marseille en 1989, l’intensité ne se mesurait pas seulement sur le terrain. Arrivé timidement dans un effectif de stars, Didier Deschamps n’était alors qu’un jeune milieu sans statut, sans palmarès, sans voix. C’est dans ce contexte explosif qu’il s’est retrouvé face à Jean Tigana, icône des Bleus, au crépuscule de sa carrière… mais encore très vocal.
Jean Tigana sans pitié avec le jeune Didier Deschamps
Et ce jour-là, Tigana ne lui a laissé aucune chance. Dans le livre 300 perles de foot cultissimes, on retrouve cette phrase aussi brutale que célèbre, que l’ancien international avait lancée à son jeune coéquipier durant un match, échaudé par sa prestation :
« T’es nul, t’es une merde et t’as les pieds carrés. Qu’est-ce que tu fous là ? »
Des années plus tard, Deschamps a bien sûr fait mentir ce jugement sévère : champion du monde 1998, champion d’Europe 2000, puis sélectionneur des Bleus… Un palmarès qui en dit long sur sa revanche silencieuse.
Les deux hommes ne se sont d’ailleurs jamais rapprochés depuis. Lors d’une interview accordée à RMC il y a quelques années, « DD » avait raconté, non sans ironie, qu’ils fréquentaient tous les deux la même ville… sans jamais se croiser :
« Je sais qu’il est à Cassis, mais je ne l’ai jamais vu. On ne doit pas avoir les mêmes horaires. Et puis je ne bois pas de vin ! (Tigana fait du vin, ndlr) »
Une petite pique en retour ? Peut-être. Mais surtout une manière élégante d’acter une distance qui n’a jamais été comblée. Ni les titres ni les années ne semblent avoir effacé les mots durs du passé.
Cette anecdote montre à quel point Didier Deschamps a souvent été sous-estimé avant de devenir incontournable. Il n’était peut-être pas le plus technique, ni le plus flamboyant, mais il a toujours su imposer son autorité et sa vision. Et si Jean Tigana voyait en lui un joueur sans avenir, l’histoire, elle, lui a donné un tout autre rôle. Celui du leader ultime.
