Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Christian Karembeu, champion du monde 1998, est l’un de ces joueurs qui ont marqué le football français. Mais peu se souviennent qu’il a terminé sa carrière dans l’anonymat relatif de la Ligue 2, bien loin des feux de la rampe. Pourtant, son retour en France à 35 ans, du côté de Bastia, n’a rien d’un simple épilogue. Une histoire de promesse, de fidélité et de transmission. Et elle mérite d’être racontée !
Revenir en France pour terminer sa carrière ? Ce phénomène n’est pas nouveau, même s’il est de nouveau mis en lumière par certains exemples récents ces dernières années. Mais déjà en 2005, Christian Karembeu, alors en fin de carrière, faisait un choix étonnant : revenir jouer en France, non pas dans un grand club, mais à Bastia.
À l’époque, beaucoup s’interrogent. Que vient faire un ancien joueur du Real Madrid et de l’équipe de France sur l’île de Beauté, dans un club en difficulté ? En réalité, Karembeu respecte une promesse faite des années plus tôt aux dirigeants bastiais : celle de revenir terminer sa carrière là où il avait été formé. Ce n’est pas un coup de com’. Ce n’est pas un contrat pré-retraite. C’est un engagement personnel.
Christian Karembeu pas au niveau escompté… mais qu’importe
Son arrivée, sans tambours ni trompettes, surprend mais inspire rapidement le vestiaire. Les jeunes l’admirent, les cadres le respectent. Malgré des pépins physiques qui limitent son temps de jeu, Karembeu s’investit totalement dans la vie du groupe, avec humilité et sérieux. Michel Padovani, adjoint puis entraîneur cette saison-là, se souvient parfaitement de l’état d’esprit du champion.
« Il s’était blessé lors d’un entraînement tranquille où on faisait du « golf », un atelier parmi d’autres. Il était sur la fin, oui, mais c’était un vrai pro, qui donnait l’exemple et que tout le monde suivait. Il était arrivé avec son aura mais pas pour prendre son pognon et s’en foutre. Ce sont des mecs toujours sérieux et qui essaient de montrer partout où ils passent une bonne image. »
Ce que Christian Karembeu a fait à Bastia, d’autres essayent aujourd’hui de le faire, dans un contexte bien plus exposé. Le cas de Paul Pogba, qui espère revenir jouer malgré ses déboires, ou l’exemple récent d’Olivier Giroud à Lille, montrent que la tentation du retour aux sources est toujours là. Mais il est rare qu’elle se fasse avec autant de discrétion et de sincérité que dans le cas de Karembeu.
À Bastia, son passage n’aura duré qu’une saison. Peu de matchs, une fin prématurée à cause des blessures, mais une empreinte laissée dans le vestiaire et chez les supporters. Certains retours en Ligue 1 s’accompagnent de conférences de presse et de storytelling bien huilé. Celui de Christian Karembeu s’est fait dans le silence, mais avec classe.
Presque vingt ans plus tard, son choix de revenir à Bastia ne fait toujours pas les gros titres. Et pourtant, dans une époque où la fidélité au maillot semble souvent secondaire, cette histoire méritait d’être remise en lumière.