Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Victor Wembanyama et Léon Marchand, deux étoiles montantes du sport français, ont récemment partagé un moment d’échange inédit. Dans un entretien croisé accordé à L’Équipe, les deux jeunes champions ont évoqué leur rapport aux réseaux sociaux. Loin du culte de l’image, ils se rejoignent sur une certaine lassitude face à ces outils devenus omniprésents.
La scène se déroule en France, entre deux parties d’échecs. Victor Wembanyama, de passage dans sa ville natale du Chesnay, retrouve Léon Marchand pour un moment hors du temps. À seulement 21 ans, le joueur des Spurs semble déjà avoir pris ses distances avec les usages numériques courants. Il raconte notamment son expérience fugace sur TikTok, qu’il a rapidement désinstallé après seulement trois heures d’utilisation.
« Je n’ai que du brainrot (abrutissement numérique). […] Ça m’a dégoûté. J’ai désinstallé direct et plus jamais. C’est ça ma solution, je désinstalle. Quand il faut poster, regarder quelque chose, je réinstalle, mais sinon… Je me dégoûte quand je fais ce genre de choses. », a-t-il confié à son compatriote. Une approche radicale, mais assumée, que partage en partie Marchand. Le nageur explique à son tour ressentir un vrai vide après avoir passé du temps à scroller sans but précis sur les réseaux sociaux.
Deux champions qui fuient le piège de la distraction permanente
Pour Léon Marchand, Instagram peut avoir un certain intérêt lorsqu’il s’agit de découvrir du contenu créatif. Mais la finalité reste la même : une perte d’énergie et de clarté mentale. « Quand je passe des heures sur Insta ou TikTok, quand je reviens à la piscine ensuite, je ne suis pas du tout frais mentalement », admet le quadruple champion olympique, qui peaufine actuellement sa préparation pour les Mondiaux de Singapour.
Alors que beaucoup de jeunes sportifs vivent à travers les plateformes numériques, les deux prodiges semblent chercher un autre équilibre. Pour Wemby, cela passe par les livres, les échecs, et un mode de vie plus introspectif. Cette maîtrise de l’attention n’est sans doute pas étrangère à leur niveau d’excellence.
La rencontre a également permis à Wembanyama de mettre en avant ses racines, en organisant un tournoi mêlant échecs et basket dans sa ville d’enfance. Une façon pour lui de promouvoir ses passions et d’inspirer une nouvelle génération de jeunes athlètes à ne pas se perdre dans les méandres du digital.
Cette lucidité précoce sur l’emprise des réseaux sociaux traduit peut-être une volonté plus large chez certains jeunes talents de redéfinir les codes de la performance et de la concentration. À travers leurs propos, Marchand et Wembanyama posent une question simple mais essentielle : et si la vraie force, aujourd’hui, était de savoir se déconnecter ?