Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Derrière les sourires de façade et la stabilité apparente, une inquiétude persiste dans la baie de San Francisco. Stephen Curry, légende vivante et visage de la franchise, continue de se battre pour arracher une dernière bague, mais la stratégie sportive des Warriors intrigue de plus en plus les observateurs.
Malgré leur sacre de 2022, les Warriors n’ont pas réellement changé de cap depuis. L’arrivée de Jimmy Butler n’a pas suffi à calmer les critiques, et les débats autour de Jonathan Kuminga ont pris une ampleur inattendue cet été. L’ailier congolais a clairement exprimé son envie de partir, mais Golden State refuse de céder sans contrepartie solide. Une situation qui brouille l’atmosphère au sein de l’effectif et qui laisse planer le doute sur les réelles ambitions de la franchise.
Kevin O’Connor, journaliste bien connu de The Ringer, a récemment dressé un constat amer sur cette gestion. Il s’est montré particulièrement critique quant à la relation entre Kuminga et l’organisation : « Pourquoi vouloir aller dans un endroit où ils ne veulent pas de toi ? Et toi, tu ne veux pas d’eux. Les deux camps n’ont plus envie de continuer, ils veulent simplement t’utiliser comme monnaie d’échange en cours de saison… » Un témoignage qui illustre l’impasse actuelle et la stratégie attentiste de Golden State.
Une stratégie à contre-courant des besoins de Curry
Pour O’Connor, la direction sportive ne semble pas répondre aux attentes du meneur star. « Du côté des Warriors, tu as Stephen Curry qui répète qu’il ne joue désormais que pour le titre. Le début de saison dernière était un désastre. Draymond et Steph n’étaient pas à 100 % avant l’arrivée de Jimmy Butler… » analyse-t-il. Derrière cette déclaration, se dessine l’impression d’une équipe qui se contente de bricoler plutôt que de bâtir un projet clair pour accompagner son joueur emblématique.
Le problème est que Curry, Green et Butler ont désormais dépassé la barre des 35 ans. Miser sur ce trio sans réelle profondeur de banc comporte un risque énorme, notamment dans une conférence Ouest toujours plus relevée. Les blessures, comme celle aux ischio-jambiers qui a freiné Curry la saison passée, pourraient rapidement ruiner les espoirs de la franchise. La patience affichée par le front office contraste avec l’urgence du moment : il ne reste sans doute que très peu d’occasions pour briller au plus haut niveau.
O’Connor souligne également l’ambiguïté du plan californien : « D’un côté, tu dis vouloir aller all-in. Mais dans les faits, tu tardes à recruter Jimmy Butler, tu n’as presque rien donné pour l’obtenir, et il n’est plus irréprochable à ce stade de sa carrière. Et puis tu joues ce jeu étrange avec Kuminga, un joueur que tu ne veux même pas garder… » Des propos qui traduisent le sentiment d’une organisation qui avance sans réelle cohérence.
Les supporters, eux, peinent à comprendre ce manque d’audace. Alors que presque toutes les franchises concurrentes ont pris des décisions fortes pour se renforcer, Golden State reste étonnamment silencieuse. L’attente d’un hypothétique échange à la deadline de février n’efface pas le constat actuel : Curry mérite mieux que des demi-mesures.