Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
La NBA traverse une zone de turbulences rarement atteinte. Une affaire hors normes secoue l’univers de la ligue et place Kawhi Leonard au centre de toutes les discussions. L’idée qu’un contrat de près de 150 millions de dollars puisse être annulé semble irréelle, et pourtant, elle devient une hypothèse crédible. Le scénario pourrait bouleverser l’équilibre de la ligue tout entière.
Derrière cette menace plane un soupçon grave : la possibilité que Steve Ballmer, propriétaire des Clippers, ait utilisé la société Aspiration – une entreprise aujourd’hui discréditée – pour rémunérer indirectement Leonard. Cette manœuvre représenterait une violation frontale du plafond salarial, une règle sacrée pour préserver l’équité entre franchises. Si elle se confirmait, les sanctions pourraient aller de la perte de choix de draft à des licenciements massifs dans l’organigramme, en passant par l’invalidation pure et simple du contrat de la star.
La gravité de l’affaire n’échappe pas aux observateurs. Tom Haberstroh, journaliste reconnu, a rappelé à quel point ce dossier pourrait plonger la NBA dans une situation inédite : « Dans le scénario où le contrat de Leonard serait annulé, aucune équipe ne dispose actuellement de 50 millions de dollars d’espace sous le cap pour lui proposer une offre. Obtenir un joueur de ce calibre pour une simple mid-level exception déclencherait une loterie totalement folle, comme la NBA n’en a jamais connue ».
Un scénario cauchemardesque pour Adam Silver et la NBA
Cette éventualité plongerait la ligue dans un chaos imprévisible. Une star du calibre de Leonard, en pleine possession de ses moyens, pourrait rejoindre n’importe quelle équipe pour un salaire dérisoire par rapport à sa valeur réelle. La perspective d’un tel déséquilibre interpelle et pourrait contraindre Adam Silver à revoir en urgence certaines clauses de la convention collective. Plus que jamais, l’intégrité du système semble menacée.
Les inquiétudes ne s’arrêtent pas à l’aspect sportif. Haberstroh a également soulevé le spectre d’un conflit juridique majeur : « Annuler le contrat actuel de Leonard provoquerait presque certainement la colère du syndicat des joueurs et pourrait déclencher une bataille judiciaire interminable, qui pèserait sur la NBA pendant des mois, voire des années ». Une telle confrontation ternirait l’image de la ligue et retarderait toute résolution durable.
À cette équation déjà complexe s’ajoute l’hypothèse de voir Leonard atterrir dans un environnement déjà dominant. Haberstroh a illustré le danger en citant Oklahoma City : « Vous trouviez injuste que les Warriors aient signé Durant en 2016 grâce au cap spike ? Imaginez si le Thunder récupère Leonard pour 8,5 millions de dollars, avec le reste de leur mid-level exception ». Le champion en titre, déjà redoutable avec Shai Gilgeous-Alexander, Chet Holmgren et Jalen Williams, deviendrait pratiquement intouchable.
Ce scénario, s’il se concrétisait, dépasserait le simple cadre sportif. La crédibilité de la NBA elle-même est en jeu. Entre un possible litige juridique, une remise en cause des règles de gouvernance et l’ombre d’une superteam construite à prix cassé, le scandale Leonard marque une rupture. Plus qu’un feuilleton estival, il pourrait définir l’avenir immédiat de la ligue et laisser des cicatrices durables dans son histoire récente.