Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Depuis plusieurs jours, une ombre plane autour de Kawhi Leonard et de son partenariat avec la société Aspiration. Alors que l’affaire du supposé « no-show » et les accusations visant les Clippers et Steve Ballmer secouent déjà la NBA, c’est désormais le contrat de sponsoring de l’ailier qui intrigue. Entre zones d’ombre, mails révélés et silence prolongé du joueur, l’affaire prend une tournure inattendue.
Les révélations ont émergé après l’enquête du journaliste Pablo Torre, qui a mis en cause un financement occulte autour de Leonard. Très vite, l’attention s’est portée sur Aspiration, une société spécialisée dans les investissements durables, qui avait signé avec le joueur en 2022 un accord estimé à 28 millions de dollars sur quatre ans. Pourtant, selon d’anciens cadres, ce contrat semblait « sorti de nulle part », personne en interne ne comprenant réellement comment il avait vu le jour.
Un mail envoyé en mai 2022 par Joe Sanberg, co-propriétaire de l’entreprise, a en partie levé le voile sur les conditions de l’accord. Dans ce message, Sanberg expliquait qu’il avait utilisé ses propres actions pour financer l’arrivée de Leonard. « Le PDG d’Aspiration avait jugé que l’accord ne valait pas la peine. Pour être clair, tout le bénéfice pour Aspiration du contrat avec Kawhi provient de ma contribution personnelle en actions pour rendre cela possible », pouvait-on lire. Ces propos traduisent à la fois une implication directe et une certaine improvisation autour du dossier.
Un partenariat qui soulève encore plus de questions
La situation a rapidement mis en lumière les difficultés à intégrer Leonard dans un projet marketing ambitieux. Les dirigeants d’Aspiration auraient même envisagé une collaboration avec Drake, mais l’idée est restée sans suite. Le profil discret, voire introverti, de Leonard, couplé à sa quasi-absence des réseaux sociaux, rendait difficile la valorisation d’un contrat pourtant colossal. En parallèle, le joueur recevait aussi 20 millions de dollars supplémentaires en actions de la part de Sanberg, ce qui amplifie encore l’ampleur du deal.
Le contrat prévoyait que Leonard participe à plusieurs événements promotionnels, dont une journée de huit heures de tournage, une session de relations publiques et des activités communautaires. Toutefois, une clause permettait au joueur de refuser tout ce qui n’était pas en accord avec ses convictions. De plus, l’accord devenait caduc en cas de départ de Leonard des Clippers, ce qui liait directement son avenir commercial à sa franchise NBA.
Les documents internes révélés depuis font état de nombreuses inquiétudes en coulisses. Certains cadres parlaient de « signaux rouges » dans l’accord, d’autant plus que la rémunération de Leonard dépassait largement celle accordée à d’autres personnalités de renom. « Des acteurs comme Leonardo DiCaprio ou Robert Downey Jr. avaient touché respectivement 2 et 4 millions en actions, bien loin des 20 millions obtenus par Kawhi », soulignait l’un d’eux, révélant un déséquilibre frappant.
Trois ans après la signature de ce partenariat hors normes, un constat demeure : Leonard n’a jamais publiquement promu Aspiration. Entre un contrat disproportionné, des clauses inhabituelles et une communication inexistante, ce dossier reste pour le moins opaque. Il illustre aussi la complexité de marier l’image très réservée de Kawhi Leonard avec les exigences d’un sponsoring de cette envergure.