Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
L’affaire Kawhi Leonard continue d’agiter la NBA et place les Los Angeles Clippers dans une situation extrêmement délicate. Soupçonnée d’avoir contourné le salary cap, l’organisation californienne pourrait s’exposer à de lourdes sanctions, inédites depuis un quart de siècle. Le dossier fait d’autant plus de bruit que la ligue cherche à préserver l’équité financière entre ses franchises, un principe fondateur de son modèle compétitif.
Pour comprendre la gravité de l’enquête, il faut revenir en 2000, lorsqu’un précédent avait secoué la NBA. Les Minnesota Timberwolves avaient alors conclu un accord clandestin avec Joe Smith, lui proposant plusieurs contrats minimum avant de lui promettre un deal bien plus lucratif une fois ses droits acquis. Cette manœuvre, contraire aux règles, leur avait coûté très cher : amende record de 3,5 millions de dollars et perte de cinq choix de premier tour de Draft.
À l’époque, le manager général des Timberwolves, Kevin McHale, avait reconnu les faits tout en pointant du doigt une pratique répandue. « J’avais le sentiment étrange que cela prenait une mauvaise direction. Il y a huit à dix équipes qui font ça en permanence. Elles sont juste douées pour ça. Nous, nous sommes mauvais », avait-il confié à la presse. Des propos qui résonnent encore aujourd’hui et qui alimentent les soupçons concernant la régularité de certaines négociations en coulisses.
Un précédent qui pourrait peser lourd sur l’avenir des Clippers
L’affaire des Timberwolves avait marqué un tournant : la ligue avait voulu « envoyer un message » à toutes les franchises pour dissuader de tels agissements. C’est ce précédent que beaucoup aimeraient voir réappliqué si les Clippers étaient jugés coupables. Selon le journaliste Pablo Torre, « j’ai parlé à quatre propriétaires qui trouvent absurde que la NBA ne punisse pas proportionnellement aux preuves ». La pression semble donc déjà forte au sein même de la ligue pour un châtiment exemplaire.
La situation est d’autant plus sensible que l’actuel commissaire Adam Silver a une approche beaucoup plus conciliante que son prédécesseur David Stern, connu pour sa poigne de fer. La question qui se pose désormais est de savoir si Silver adoptera une ligne dure en cas de confirmation des faits, ou s’il choisira une sanction plus modérée au risque d’alimenter les critiques.
En coulisses, plusieurs dirigeants espèrent que l’équité sportive sera préservée par une décision forte. Car si les Clippers échappaient à un châtiment sévère, cela pourrait rouvrir la porte à des manœuvres illégales et fragiliser la crédibilité de la NBA. Les regards se tournent donc vers le siège new-yorkais de la ligue et son enquête en cours.
D’ici là, l’organisation californienne reste suspendue à la conclusion des investigations, qui pourrait durer plusieurs mois selon des premiers retours. Quoi qu’il en soit, le verdict fera date : il pourrait non seulement sceller l’avenir des Clippers, mais aussi redéfinir la manière dont la NBA gère ses affaires internes. Une certitude demeure : la suite de cette affaire sera scrutée de très près par tout le monde du basket.