Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
L’affaire Kawhi Leonard et Aspiration continue de faire grand bruit, et un visage bien connu du monde NBA a décidé de s’y mêler. Mark Cuban, l’ancien propriétaire majoritaire des Dallas Mavericks, s’est imposé comme le défenseur inattendu du joueur des Clippers et de l’organisation californienne. Une prise de position surprenante, surtout venant d’un homme qui, à première vue, n’a aucun intérêt direct dans cette histoire.
Depuis le début de l’enquête sur ce partenariat jamais officialisé entre Leonard et la société Aspiration, Cuban s’est appliqué à contredire le journaliste Pablo Torre, à l’origine des révélations. À chaque nouvel élément, le milliardaire a pris la parole pour minimiser les accusations, avançant que Leonard, Steve Ballmer et les Clippers étaient injustement dépeints. Une croisade médiatique que certains jugent courageuse, d’autres, au contraire, assez étrange vu le contexte.
Lors de sa dernière apparition dans le podcast Pablo Torre Finds Out, Mark Cuban a livré sa propre version des faits. Il a notamment expliqué que le contrat entre Leonard et Aspiration n’avait jamais été annoncé car, quatre jours plus tôt, l’entreprise avait signé un partenariat majeur avec les Boston Red Sox. « Règle numéro un du marketing : quand tu viens d’obtenir une grosse couverture médiatique, tu ne marches pas dessus », a-t-il affirmé, estimant que cette proximité temporelle justifiait l’absence d’annonce publique.
Des justifications qui peinent à convaincre
Si cette explication peut sembler logique sur la forme, elle laisse de nombreuses zones d’ombre. Pourquoi, dès lors, l’accord n’a-t-il jamais été évoqué, ni par Aspiration, ni par Leonard, ni par les Clippers ? Interrogé sur ce point, Cuban a poursuivi : « Ensuite, ils ont changé la direction de leur entreprise, et, à ma connaissance, plus personne ne voulait de Leonard ni du deal, donc il n’y avait plus de raison de l’annoncer. C’est ma perception. » Une justification que Torre a jugée peu crédible, rappelant que l’enquête menée jusqu’ici n’a trouvé aucune trace officielle de cet accord.
Le journaliste s’est alors appuyé sur un argument simple : si l’accord avait réellement existé et été légitime, Aspiration ou Leonard auraient eu tout intérêt à le rendre public pour prouver leur bonne foi. Or, aucun élément concret n’a émergé, renforçant l’idée que ce contrat aurait pu servir à contourner le plafond salarial de la NBA. Torre s’est même permis une pointe d’ironie : « Ils annonçaient leurs partenariats avec des célébrités tout le temps : DiCaprio, Drake, Robert Downey Jr., Orlando Bloom, Cindy Crawford… Pourquoi ne pas avoir communiqué sur Leonard, censé être leur plus gros contrat ? »
Face à cette logique implacable, Cuban a continué à multiplier les hypothèses, allant jusqu’à suggérer que Joe Sanberg, cofondateur d’Aspiration, aurait activé l’accord pour se rapprocher de Leonard et profiter de sa notoriété à des fins personnelles. L’ancien propriétaire des Mavericks a reconnu qu’il faisait lui-même la même chose à l’époque, posant pour des photos avec des fans lors des matchs.
Mais malgré sa verve et sa volonté de défendre la réputation des Clippers, Mark Cuban paraît de plus en plus isolé dans sa position. Les faits présentés par Pablo Torre s’accumulent, tandis que les contre-arguments du milliardaire reposent essentiellement sur des suppositions. Comme le résume un observateur, Cuban se bat vaillamment, mais dans cette affaire, il semble aussi fragile que Leonard lors d’un nouveau jour de repos forcé.