Par Rédaction | Sport
Le football n’est plus tout à fait le même sport qu’autrefois. Ce constat, Michel Platini le formule avec la lucidité d’un homme qui a vu ce jeu évoluer de l’intérieur, en tant que joueur, dirigeant et observateur passionné. D’un football d’instinct et de création, il est devenu une machine sophistiquée, réglée au millimètre, parfois au détriment de la poésie du geste et du plaisir brut du jeu.
Tout change, tout le temps, et le football n’y échappe pas. Autrefois, le cœur battant du terrain se situait au milieu. C’était l’espace de la réflexion, de la manœuvre, celui des numéros 10 capables de renverser un match d’une simple inspiration. Bref, le football de Michel Platini, héros de tout un peuple et triple Ballon d’Or lors de ses glorieuses années.
Michel Platini sans filtre sur le football moderne
Seulement voilà : le football moderne a déplacé cette zone d’expression. Les entraîneurs ont reconfiguré la carte du jeu : les milieux sont désormais des travailleurs, des récupérateurs, des hommes de l’ombre. La créativité s’est réfugiée sur les ailes, où les dribbleurs, rapides et explosifs, font désormais la différence. Qu’en penser ? Platini a son avis sur la question, avec son franc parler habituel :
Pendant de nombreuses années, ce sont les milieux de terrain qui m’amusaient le plus, et les attaquants qui marquaient les buts. Aujourd’hui, ce sont davantage les ailiers qui sont les plus créatifs. Au milieu, on met des joueurs solides, avec de bonnes bases techniques. Le football a changé : les entraîneurs ont changé, les défenseurs participent davantage au jeu, ils jouent plus haut, mais ils ne savent plus vraiment défendre.
On voit aujourd’hui beaucoup de scores comme 4-3, 3-2 ou 5-4, des résultats qu’il n’y avait pas à mon époque. Le football est devenu un business, un spectacle. Ce n’est plus le même sport qu’avant. Je ne dis pas que c’est mieux ou pire, c’est simplement différent…
Ce que déplore implicitement Platini, c’est la perte d’un certain romantisme. Les matchs qui se terminent par des scores fleuves, les célébrations calibrées pour les caméras, les contrats mirobolants : tout cela témoigne d’un sport devenu produit, où le spectacle compte autant que le résultat. Mais dans le même temps, cette évolution a permis au football d’atteindre une audience planétaire, d’inspirer des générations entières et de franchir les frontières culturelles et sociales. Alors quoi faire…