Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Kevin Durant n’a jamais fui les débats sur son passage à Golden State, mais cette fois, il a tenu à mettre les choses au clair. Souvent comparé au légendaire duo Shaquille O’Neal – Kobe Bryant, son partenariat avec Stephen Curry continue de nourrir les discussions. Pourtant, selon lui, cette comparaison n’a tout simplement pas lieu d’être. Pour Durant, ce qu’il a vécu aux Warriors relevait d’une autre dynamique, bien différente de celle des Lakers du début des années 2000.
Dans un entretien accordé à Sports Illustrated, le double MVP des Finales a rejeté toute idée de hiérarchie dans son duo avec Curry. « Si j’étais allé chez les Warriors et que je n’avais pas été MVP des Finales comme Kobe l’a été avec Shaq, si je n’avais pas eu des moments où j’ai tourné à 30 points, distribué 8 passes ou planté 40 points dans un match décisif… alors oui, j’aurais ressenti cette pression, » a confié Durant. « Mais j’ai déjà fait tout ça. Je n’ai jamais vu Steph comme Shaq, ni moi comme Kobe. Nous étions notre propre chose. »
Pour Durant, cette période symbolisait avant tout une coexistence entre deux joueurs d’élite, capables de briller simultanément sans se marcher dessus. Leur domination commune reposait sur une alchimie offensive rare, où l’un comme l’autre pouvait prendre feu sans bouleverser l’équilibre collectif. « Je veux que cette époque soit vue pour ce qu’elle a été. Il ne devrait pas y avoir de rancune ou de réécriture de l’histoire. J’aimerais qu’on apprécie simplement ce que cela représentait, et qu’on passe à autre chose, » a-t-il ajouté, dans un ton empreint de nostalgie et de sérénité.
Une dynastie fondée sur la complémentarité, pas la rivalité
Arrivé à l’été 2016 dans une équipe déjà titrée, Durant avait bouleversé la hiérarchie de la NBA. En rejoignant Stephen Curry, Draymond Green et Klay Thompson dans une organisation réduite en machine à gagner, il avait transformé la ligue pour trois saisons d’une domination quasi totale. Durant cette période, il a remporté deux titres, deux trophées de MVP des Finales, et affiché des statistiques de superstar : 25,8 points, 7,1 rebonds et 5,4 passes de moyenne à 52 % de réussite.
Si les comparaisons avec le tandem Shaq-Kobe persistent, Durant refuse cette lecture hiérarchique. Contrairement à la relation souvent tendue entre les deux légendes des Lakers, celle qu’il partageait avec Curry reposait sur le respect mutuel et une compréhension tacite de leurs forces respectives. Ensemble, ils ont redéfini la notion de duo offensif moderne, fondé sur la fluidité, le mouvement et la précision.
Aujourd’hui, le joueur des Rockets semble apaisé. Cet été, il a d’ailleurs refusé un possible retour à Golden State, préférant tracer sa propre voie à Houston. À 37 ans, Durant estime avoir déjà tout prouvé, tant sur le plan individuel que collectif. Il ne cherche plus à valider son héritage, mais à le faire vivre selon ses propres termes.
L’épisode Warriors restera donc gravé comme l’une des pages les plus impressionnantes de sa carrière. Une période où deux des meilleurs tireurs et scoreurs de l’histoire ont fusionné leurs talents pour redéfinir la grandeur. Et si le parallèle avec Shaq et Kobe flatte la légende, Kevin Durant préfère qu’on se souvienne de lui et de Stephen Curry pour ce qu’ils ont été : deux génies du jeu, unis au sommet de leur art.
