Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Habitué à être la cible des critiques, Joel Embiid a une fois encore prouvé qu’il savait les encaisser avec recul. Après la victoire des Sixers face aux Hornets, un journaliste lui a fait remarquer que l’équipe semblait mieux jouer lorsqu’il n’était pas sur le parquet. Une remarque piquante, à laquelle le MVP 2023 a répondu sans agressivité, avec une touche d’ironie et beaucoup de lucidité.
Cette situation n’est pas nouvelle pour le pivot camerounais, souvent pointé du doigt lorsque son équipe peine à maintenir son niveau en son absence. Cette fois, pourtant, Embiid a choisi de désamorcer la critique, préférant insister sur la progression collective de Philadelphie. Derrière sa réponse détachée, on devine un joueur qui a appris à composer avec la pression et à se concentrer sur l’essentiel : les playoffs.
Face aux journalistes, Embiid a lancé un message aussi amusant que révélateur : « Ça fait douze ans. Je prends. Il faut juste continuer. Évidemment, les vrais matchs sont en playoffs, et si on garde cette intensité quand je ne suis pas sur le terrain, alors… eh bien, ça fait longtemps. » Une manière de rappeler qu’il garde les yeux rivés sur les objectifs de fin de saison plutôt que sur les débats d’octobre.
Un collectif des Sixers enfin capable d’exister sans son MVP
La rencontre face à Charlotte a mis en lumière un visage plus équilibré des 76ers. Tyrese Maxey a pris les commandes de l’attaque avec 28 points, 6 rebonds et 9 passes, tandis que Quentin Grimes a apporté 24 points en sortie de banc. Embiid, limité à 20 minutes en raison d’une restriction de temps de jeu, a tout de même inscrit 20 points à 50 % au tir, mais a affiché un différentiel de -2, le plus faible parmi les titulaires.
Pour une fois, les Sixers ont su s’imposer sans dépendre exclusivement de leur star. Ce constat pourrait bien représenter un tournant, après des années à voir l’équipe s’effondrer dès qu’Embiid quittait le terrain. Avec Maxey en pleine explosion et Paul George encore en convalescence, Philadelphie semble enfin disposer d’un effectif capable de rivaliser sans s’appuyer uniquement sur son pivot.
Embiid, lui, accueille ce changement comme une évolution naturelle. Après tant de saisons où tout reposait sur ses épaules, il semble apprécier de pouvoir compter sur une rotation plus profonde et plus fiable. Moins de charge, plus d’efficacité — voilà peut-être la clé d’une saison réussie pour celui qui n’a encore jamais atteint la finale de conférence.
Mais l’intéressé le sait : le vrai jugement viendra en mai et juin. Pour faire taire les critiques, Embiid devra prouver qu’il peut rester dominant lorsque l’enjeu s’élève. Si les Sixers parviennent à maintenir cette dynamique tout en retrouvant leur leader à son meilleur niveau, la conférence Est pourrait bien assister à la naissance d’un véritable prétendant au titre.
