Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Peu d’observateurs auraient imaginé un départ à 4-0 pour les Philadelphia 76ers cette saison, surtout avec Joel Embiid relégué au second plan. Pourtant, la franchise de Pennsylvanie étonne et intrigue, entre confiance retrouvée et incertitudes persistantes autour de son joueur phare. Reste à savoir si ce début parfait n’est qu’une illusion ou le signe d’un réel renouveau collectif.
Si Embiid a encore offert quelques éclairs dignes de son statut de MVP, ses minutes sont drastiquement limitées. La crainte d’une rechute de ses problèmes récurrents au genou plane toujours, et le pivot camerounais n’a pas caché son agacement. Récemment, il a ouvertement critiqué sa gestion de temps de jeu, frustré de ne pas pouvoir enchaîner. Une tension qui, selon certains anciens joueurs, pourrait devenir un vrai casse-tête pour Philadelphie.
Matt Barnes, sur le plateau de All The Smoke, a d’ailleurs pris la défense d’Embiid tout en reconnaissant la complexité du dossier. « Il n’est pas heureux de ses courtes apparitions, et je le comprends, surtout pour un athlète. Une fois qu’on chauffe le corps, plus on reste assis, plus il se raidit », a-t-il expliqué, avant de nuancer son propos. Pour Barnes, les 76ers ont sans doute raison d’agir avec prudence, mais il s’interroge aussi sur la part de responsabilité du joueur dans sa fragilité physique.
Une relation à double tranchant entre Embiid et les Sixers
Toujours selon Barnes, la franchise n’a jamais trouvé la recette pour garder son pivot sur pied. « Est-ce la faute de l’équipe ? Est-ce la sienne ? On entend des rumeurs disant qu’il n’est pas toujours assidu, qu’il arrive en retard, qu’il ne montre pas toujours l’exemple d’un vrai franchise player. Et ça se voit parfois sur le terrain », a ajouté l’ancien joueur des Warriors. Des mots qui font écho à une réalité : Embiid a manqué plus de rencontres qu’il n’en a disputées depuis le début de sa carrière.
Barnes est allé plus loin encore, estimant que la situation d’Embiid est devenue un pari permanent pour la direction. « J’ai déjà dit il y a quelques semaines : jusqu’à quand continuer cette expérience Embiid ? Les Sixers font confiance au processus depuis longtemps. Quand il joue, c’est un candidat au MVP. Mais sur environ 900 matchs possibles, il en a manqué plus de 400. Chaque soir, c’est une pièce lancée en l’air », a-t-il souligné, rappelant la dépendance du projet à la santé du pivot.
Cette réflexion pose une question de fond : combien de temps une franchise peut-elle se construire autour d’un joueur aussi brillant qu’imprévisible physiquement ? Embiid reste un talent unique, mais son indisponibilité chronique finit par peser sur la stratégie à long terme. D’autant plus que les 76ers, sous la houlette de Nick Nurse, semblent désormais capables de gagner sans lui, grâce à la montée en puissance de Tyrese Maxey et du rookie V.J. Edgecombe.
Pour l’heure, ce début de saison parfait a le mérite de calmer les critiques. Mais à Philadelphie, chacun sait que la réussite durable passera par un Embiid en pleine forme. Le pivot a désormais entre ses mains la possibilité de faire taire les doutes et de prouver que « faire confiance au processus » n’était pas une illusion, mais une promesse encore réalisable.
