Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Depuis plusieurs mois, Michel-Édouard Leclerc s’autorise de plus en plus une parole très directe, très cash, sur l’état réel du pouvoir d’achat en France. Omniprésent dans le paysage médiatique, le patron des centres E.Leclerc voit, très concrètement, au quotidien, ce que vivent les Français – car les supermarchés sont l’un des premiers baromètres sociaux du pays. Et ce qu’il constate est inquiétant, presque glaçant.
Rien de nouveau sous le soleil : ça va mal en France, notamment sur le plan économique. Et ce n’est clairement pas Michel-Edouard Leclerc qui vous dira le contraire face à ce qu’il constate aux quotidiens dans ses hypermarchés. Selon lui, la précarité de trésorerie est devenue telle, que des comportements de survie s’installent, et se normalisent. C’est ce qu’il a expliqué très clairement, tout récemment, au micro de France Info :
« Ce qui m’émeut énormément, c’est qu’à chaque jour de versement des allocations ou des salaires, on voit des centaines de gens par magasin venir vider leur compte pour ne pas prendre le risque d’être bloqués aux deux tiers du mois, quand il y aura moins d’argent sur le compte. Nous, on voit des gens venir avec 800 euros de bons d’achat qu’ils ont collectés »
De l’intérieur du système, c’est donc une alerte. Pas de posture, pas de tribune idéologique : un simple constat, brut. Les gens prennent leurs précautions comme on se protège d’une menace. Ils sécurisent de l’argent liquide ou des bons d’achat, comme si le risque du découvert était devenu une fatalité statistique, quasiment programmée.
Dans le même entretien, le dirigeant a aussi laissé échapper un autre sous-texte qui commence à revenir, encore et encore, dans ses interventions médiatiques : celui d’une possible bascule politique. Ses ambitions ne sont plus vraiment un secret. La présidentielle de 2027 intrigue, et il ne cache plus son envie de “jouer” cette partie – même s’il met immédiatement des conditions :
« Aujourd’hui, ce qu’il manque, c’est de la stabilité, de la vision. 2027 ? J’ai envie d’en être, mais pas avec des gens qui font le concours de quéquettes pour être premiers »
Voilà qui a le mérite d’être clair, bien qu’un peu cru !
