Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
L’histoire entre Phil Jackson et Carmelo Anthony a longtemps alimenté les débats autour des Knicks. Près d’une décennie après leur séparation, le légendaire coach a décidé de briser le silence. Dans son nouveau livre Masters of the Game, il revient sans détour sur son passage manqué à New York, et pointe du doigt un homme qu’il estime responsable de cet échec collectif : Carmelo Anthony.
Arrivé en 2014 pour redonner une identité à la franchise, Jackson n’a jamais réussi à imposer sa vision. Le mythique “Zen Master” a vu son aura s’éroder au fil des défaites, dans une équipe minée par les tensions internes. Ni sa philosophie, ni son palmarès n’ont suffi à redresser la situation. Et selon lui, c’est la relation brisée avec Anthony qui a précipité sa chute.
Dans son livre, Jackson raconte une conversation marquante avec le propriétaire des Knicks, James Dolan. « Malheureusement, ma relation avec Carmelo est cassée. Et si lui reste, il vaut probablement mieux que je parte », écrit-il. Ces mots résument la fracture profonde entre les deux hommes, l’un cherchant à imposer un collectif structuré, l’autre refusant de renoncer à son statut de star offensive.
Deux visions du basket irréconciliables
La source du conflit remontait à la mise en place du fameux triangle offense, système que Jackson considérait comme la clé du succès collectif. Mais Anthony, d’après l’ancien président des Knicks, n’a jamais accepté d’en être une simple pièce. Jackson rapporte que « Hornacek disait que Carmelo voulait le ballon », une phrase qui illustre la résistance de l’ailier à toute forme de partage du jeu. Son influence, renforcée par une clause de non-transfert exceptionnelle, rendait toute évolution impossible pour la direction new-yorkaise.
Jackson confie également avoir tenté de convaincre Dolan de tourner la page. « Je lui ai dit : je ne veux pas de Carmelo dans l’équipe. Il veut un titre, il mérite d’être sur une équipe qui en a une chance. Mais nous, nous n’allons pas gagner comme ça », écrit-il. Derrière ces mots transparaît une volonté d’honnêteté, mais aussi une impuissance totale face à un joueur protégé par son statut et sa popularité.
Plus surprenant encore, Jackson relate une discussion avec George Karl, ancien entraîneur de Denver, qui lui aurait révélé une anecdote datant des finales de conférence 2009. Selon Karl, « Carmelo voulait défendre Kobe Bryant avant tout, parce qu’il voulait être le meilleur marqueur ». Une obsession statistique, selon Jackson, qui illustrait déjà une forme d’individualisme incompatible avec une équipe championne.
Au final, ni les talents de meneur d’hommes de Jackson ni le talent pur d’Anthony n’ont permis aux Knicks de retrouver les sommets. Trois saisons sans playoffs, un vestiaire divisé et une image ternie : le bilan est lourd. En 2017, quelques mois après le départ du dirigeant, Anthony a finalement accepté un transfert vers Oklahoma City, tournant définitivement la page new-yorkaise.
