Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Il y a parfois un paradoxe cruel dans les familles où l’un devient gigantesque. Certains noms s’imposent tellement dans l’espace public qu’ils écrasent, sans le vouloir, tout ce qui existe autour. Dans le cas de Gad Elmaleh, star internationale du stand-up et comédien aux millions d’entrées, son frère Arié a toujours dû vivre avec ce mécanisme de perception du public. Et c’est précisément ce dont il avait parlé, à cœur ouvert, il y a quelques années.
Arié Elmaleh n’est pourtant pas un figurant dans l’histoire. Le comédien, acteur, metteur en scène, a bâti son propre parcours. Théâtre, cinéma, télé, fictions, collaborations… il a construit une carrière nette, exigeante, qui ne doit rien à personne. Mais l’exposition extrême de son frère — celle d’un homme devenu “marque” internationale — a forcément eu un impact sur la manière dont on le regarde.
Un francophone sur deux, lorsqu’il le croise, pense d’abord “frère de”. C’est ce mécanisme-là, certes naturel mais un brin dérangeant, qu’Arié Elmaleh avait évoqué il y a quelques temps dans une séquence qui avait fait parler sur le plateau de Jordan de Luxe :
« Quand on te sert 10 fois dans la journée ‘vous êtes le frère de Gad Elmaleh ?’… C’est un peu vexant parce qu’on se dit : on ne m’apprécie pas pour ce que je suis au fond mais juste parce que je suis le frère de Gad Elmaleh. Les gens ne sont pas mal intentionnés, mais ils sont juste un peu maladroits.
Ce qui est très drôle ce sont les gens qui essaient de me rassurer en disant : ‘Vous savez, je vous trouve bien meilleur acteur !’ ou ‘Vous êtes bien plus beau que votre frère !’ Sous couvert de vouloir être gentils, ils disent un peu des saloperies. »
Il ajoutait aussi un point fondamental : l’humain a tendance à fabriquer des rivalités imaginaires — encore plus quand deux frères évoluent dans le même secteur, sous le même nom. Et là encore, Arié avait été très clair.
« Les gens ne peuvent pas s’empêcher de nous mettre en conflit et en rivalité. C’est une réalité et c’est humain, on est frères. Il y a toujours des dissensions et des conflits. Mais j’ai une relation fusionnelle avec mon frère. »
Gad Elmaleh lui-même, de son côté, avait déjà publiquement insisté sur la solidité de leur lien, sur leur affection réciproque, et sur le fait qu’il n’existait pas de guerre d’ego entre eux. L’un et l’autre défendent la même idée : oui, il y a parfois de la comparaison, des projections, des maladresses publiques… mais la relation réelle va bien au-delà.
Reste désormais à espérer que l’avenir leur permette de garder cette balance saine. Voir deux artistes, deux trajectoires et deux sensibilités coexister sans clash inventé — cela reste suffisamment rare pour être souligné. Et on ne peut que s’en réjouir !
