Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
À Philadelphie, le début de saison aurait pu n’être qu’une histoire d’enthousiasme autour du duo Tyrese Maxey – VJ Edgecombe. Mais le retour progressif de Joel Embiid, encore en reconstruction après une nouvelle opération du genou, vient déjà fissurer la dynamique. Entre un rookie qui explose et une star qui doit retrouver du rythme, l’organisation voit poindre un problème aussi évident que délicat à gérer.
La défaite d’un point contre Boston a résumé toute l’ambiguïté actuelle : pour que Maxey et Edgecombe s’épanouissent pleinement, il leur faut de l’espace et du tempo. Deux éléments qui se réduisent dès qu’Embiid réoccupe le centre de l’attaque. Nick Nurse n’a d’ailleurs rien caché sur la réussite du duo extérieur, évoquant une connexion idéale et un potentiel de progression rare. Mais le quatrième quart-temps d’Edgecombe — une seule tentative — illustre bien le dilemme.
Plusieurs observateurs ont souligné cette tension interne, dont Keith Pompey, qui écrit : « Même si Edgecombe a le potentiel pour devenir un arrière hybride d’élite, il ne pourra pas exprimer son jeu pleinement aux côtés d’Embiid — du moins pas pour l’instant. » Une phrase lourde de sens pour une franchise qui semble devoir concilier deux priorités contradictoires.
Un retour d’Embiid qui change tout dans le tempo offensif
Face aux Celtics, Embiid a livré son match le plus encourageant de la saison : 20 points, 7 rebonds, 2 contres en un peu plus de 25 minutes. Sur le papier, rien d’inquiétant. Mais sur le terrain, chaque possession centrée sur le pivot a réduit la marge de liberté des jeunes arrières, dont le jeu repose sur la vitesse, la lecture immédiate et l’attaque rapide des espaces.
Deux fins de match consécutives mettent parfaitement en lumière la problématique : mardi à Washington, Edgecombe n’a pris son premier tir qu’à quatre minutes de la pause. Vendredi face à Boston, il termine à 7/11… mais sans exister offensivement dans l’ultime quart. Ce n’est ni de la timidité, ni un manque d’ambition : c’est une question de contexte, d’usage et de hiérarchie implicite.
Personne ne remet en cause Embiid. Son impact, lorsqu’il est pleinement opérationnel, reste unique. Mais la réalité physique de ses derniers mois rend sa remise en route coûteuse pour le collectif. Le staff le sait, et Nurse tente déjà de ménager la croissance accélérée d’Edgecombe tout en relevant son ancien MVP.
L’absence du pivot pour gestion d’effort, dimanche face à Brooklyn, servira d’ailleurs de test grandeur nature. Si l’attaque retrouve instinctivement son flow, les Sixers disposeront d’un argument de plus en faveur d’un créneau de minutes clairement séparé entre Embiid et ses jeunes dynamiteurs.
