Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Ministre et ancienne garde des Sceaux, Rachida Dati est devenue au fil du temps l’une des personnalités politiques les plus exposées de sa génération. Et pourtant, malgré cette visibilité extrême, elle a toujours cultivé une opacité volontaire autour de sa vie privée. Un choix totalement assumé, qu’elle revendique presque comme un mécanisme de protection mais aussi — et c’est ce qui ressort — comme un plaisir de garder la maîtrise.
Si Rachida Dati n’a jamais la langue dans sa poche dans le débat public, dès qu’il s’agit d’hommes, d’intimité, d’histoires sentimentales, elle se montre plus renfermée. C’est en effet une ligne qu’elle ne franchit quasiment jamais, sauf pour marteler un point central : sa vie privée n’appartient à personne d’autre qu’à elle. Elle l’a d’ailleurs rappelé face caméra il y a quelques temps sur France 3, concédant toutefois une part de vérité qu’elle n’avait quasiment jamais exprimée.
« Avec les hommes, je me lasse très vite, oui. Il y a beaucoup de gens avec qui je m’emmerde beaucoup, et les hommes en particulier. Je me lasse très vite, je m’ennuie beaucoup, je ne dis pas ce que je pense et je m’en vais ».
Cette retenue assumée, elle la justifie aussi par ce qu’elle considère comme une injustice persistante dans le traitement médiatique : pour elle, le rapport à l’exposition publique n’est pas du tout le même selon le genre. Elle le disait dans Gala il y a quelques mois :
« Vous avez remarqué, y compris dans vos pages, que les hommes le font plus volontiers (afficher leur femme ou compagne, ndlr) ? Et pourquoi ? Parce qu’on ne les juge pas. Ils peuvent changer d’épouse, de compagne, de compagnon… sans commentaire désobligeant. Au contraire, on les trouve même formidables d’afficher une nouvelle conquête »
Et cette pression médiatique, elle l’a vécue violemment : encore aujourd’hui, les fantasmes autour de sa vie privée la poursuivent, notamment quant à l’identité du père de sa fille Zohra. Rachida Dati dénonçait d’ailleurs ce traitement il y a quelques temps dans « Le Monde » :
« Ce qui me vexe le plus, c’est qu’on dise que j’ai couché avec tout le monde. Le père de Zohra ? Je n’avais rien dit parce que c’était ma vie. Ce qui les emmerde, c’est qu’ils ne savent pas avec qui je vis, je couche. Ils ont envoyé des gens jusque dans les cliniques pour connaître le père de ma fille… »
Rachida Dati ne cesse donc de le rappeler : l’image publique, elle l’assume totalement. Sa vie sentimentale, en revanche, surtout avec les hommes, elle l’étouffe avec fermeté. Et ce mur, elle semble aujourd’hui encore prendre plaisir à le maintenir intact.
