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Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
La saison des Denver Nuggets a démarré sur un rythme maîtrisé, mais plein de promesses. Avec un bilan de quatre victoires pour deux défaites, la franchise du Colorado affiche une sérénité impressionnante malgré quelques revers frustrants. Derrière ce début solide, une stratégie discrète mais efficace semble avoir transformé le jeu de Nikola Jokic.
Le triple MVP serbe, toujours essentiel à l’équilibre collectif, a vu son rôle évoluer. Moins focalisé sur le scoring pur, il orchestre désormais l’attaque avec une précision d’orfèvre. Cette approche, voulue par l’entraîneur David Adelman, a pour but de préserver son corps tout en rendant l’équipe plus imprévisible.
Après la victoire contre Sacramento, Adelman a expliqué cette nouvelle philosophie offensive avec lucidité. « Si nous pouvons gagner des matchs sans le mettre au poste 25 fois par soir, c’est bénéfique pour nous et pour son corps. Mais si le jeu l’exige, il ira marquer. Nous essayons de jouer le plus possible un basket collectif. Parfois l’isolation est nécessaire, et il reste l’un des meilleurs joueurs dos au panier qu’on ait jamais vus. Mais je dois aussi penser à sa santé », a-t-il déclaré face aux journalistes.
Une adaptation qui profite à toute l’équipe
Face aux Kings, Jokic a tout de même rappelé qu’il restait un scoreur redoutable : 34 points, 14 passes, 7 rebonds, 4 interceptions et 2 contres. Pourtant, son volume de tirs est en baisse significative. Après une saison où il tentait plus de 19 tirs par match, il en prend aujourd’hui moins de 15. Une baisse calculée, permise notamment par l’efficacité du banc. L’arrivée de Jonas Valanciunas, Tim Hardaway Jr. et Bruce Brown a transformé la rotation et soulagé la charge offensive du pivot serbe.
Sur le plan tactique, Jokic évolue désormais plus loin du panier, souvent placé à l’aile gauche ou à l’elbow, d’où il distribue le jeu avec une lecture unique. Cette position limite les contacts physiques et réduit l’usure qu’il subit à chaque match. En conséquence, il affiche une moyenne de 11,3 passes décisives — la meilleure de sa carrière — tout en effectuant moins de 5 post-ups par rencontre, contre près de 6 la saison passée.
Cette gestion millimétrée devrait porter ses fruits à long terme. En préservant les jambes de sa star tout en responsabilisant les autres joueurs, Denver prépare le terrain pour les échéances printanières. Jokic semble parfaitement à l’aise dans ce rôle de chef d’orchestre, capable d’impliquer chacun de ses coéquipiers sans perdre son instinct de tueur.
Si la défense demeure perfectible, la progression globale de l’équipe est indéniable. Aaron Gordon, Christian Braun ou encore Peyton Watson se montrent plus actifs, tandis que Jokic lui-même affiche un record personnel de 3,2 « stocks » par match (interceptions + contres). Plus équilibrée, plus collective et mieux armée physiquement, Denver semble déjà avoir trouvé la recette idéale pour un retour au sommet de l’Ouest.
