Par Rédaction | Sport
Stephen Curry n’a jamais eu peur de repousser les limites du tir à trois points. Pourtant, même pour lui, l’idée d’en tenter quinze par match paraissait autrefois insensée. Ce qui est devenu une norme dans la NBA moderne est né d’une conversation audacieuse entre le meneur des Warriors et son ancien dirigeant Bob Myers, à une époque où la ligue n’imaginait pas encore la révolution qu’il allait provoquer.
À ses débuts, le tir longue distance était considéré comme un simple outil, non comme une arme fatale. Les statistiques en témoignaient : Ray Allen, référence absolue des années 2000, ne tentait que 8 tirs à trois points par match à son apogée. Mais avec Curry, tout a basculé. Lors de la saison 2015-2016, il en tentait plus de 11 en moyenne, avec une précision redoutable de 45,4 %. Ce changement radical, initié par la franchise californienne, a transformé à jamais la manière de jouer au basket.
C’est dans le podcast Mind the Game que Curry a raconté cette conversation fondatrice avec Bob Myers. « Bob Myers a été le premier à me dire : “Tu devrais tirer 15 trois points par match.” » Une phrase qui, sur le moment, a désarçonné le meneur. Face à des défenses constamment resserrées sur lui, trouver 12 bons tirs relevait déjà du défi. « J’ai répondu : “Quoi ? Tu sais à quel point c’est difficile d’avoir 12 bons tirs ?” » se souvient Curry. Mais Myers avait la conviction que les chiffres parlaient d’eux-mêmes : plus de tirs de Curry signifiait plus de victoires.
Une idée folle devenue la nouvelle norme NBA
Sous l’impulsion de Steve Kerr et avec un effectif parfaitement taillé pour son jeu, Curry a pris cette idée à bras-le-corps. Lors de la saison 2015-2016, il a tenté 886 tirs à trois points, soit 240 de plus que la saison précédente. Le résultat fut historique : 73 victoires, un second titre de MVP et une NBA bouleversée. Comme le soulignait Steve Nash, « tu as été le premier à sauter de 200 tentatives à trois points d’une saison à l’autre. Puis la ligue entière a suivi : Lillard, Klay, et maintenant, c’est courant d’avoir plusieurs joueurs qui tirent des centaines de trois points par an. »
Curry précise toutefois qu’il n’a jamais cherché à forcer le jeu : « Le système des Warriors s’adaptait naturellement à mon style. Je pouvais tirer en sortie de dribble ou en me déplaçant sans ballon. Donc même si 200 tirs supplémentaires semblaient fous, pour moi c’était une évolution naturelle. » Cette symbiose entre liberté et efficacité est devenue la marque de fabrique du meneur, inspirant toute une génération de shooteurs.
Aujourd’hui âgé de 37 ans, Curry continue de défier le temps et les défenses. Son adresse a légèrement baissé sous la barre des 40 %, mais il reste un modèle de constance et de volume, avec plus de 11 tentatives par match cette saison. Une longévité qui témoigne de son intelligence de jeu et de sa préparation physique exemplaire.
Le plus impressionnant reste sans doute l’empreinte qu’il a laissée sur la NBA. Grâce à lui, les franchises ont redéfini leurs priorités, les systèmes offensifs et même la façon d’évaluer un tir “efficace”. Ce que Bob Myers lui avait proposé il y a dix ans n’était pas qu’une simple idée audacieuse : c’était la première pierre d’une révolution. Et aujourd’hui encore, Stephen Curry en demeure le visage et le symbole absolus.
