Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Victor Wembanyama a déjà prouvé qu’il pouvait dominer la NBA, mais son incroyable profil continue de poser une question essentielle à San Antonio : comment l’utiliser pleinement ? L’ancien champion Richard Jefferson estime que le défi des Spurs ne vient pas seulement de leurs adversaires, mais aussi de leur propre difficulté à construire un système adapté à un joueur sans précédent dans l’histoire du jeu.
Après un début de saison étincelant, le Français a connu un léger ralentissement face à Phoenix et Los Angeles. Les défenses ont trouvé le moyen de le priver de ses zones préférées, le forçant à s’excentrer et à perdre en efficacité. Jefferson reconnaît le mérite des adversaires, mais pointe surtout du doigt le manque de repères internes à San Antonio. Selon lui, Mitch Johnson et son staff font face à une énigme tactique qu’aucun entraîneur avant eux n’a jamais eue à résoudre.
« Il n’existe aucun plan de jeu pour un joueur comme lui. On a eu des modèles pour les ailiers forts, pour LeBron avec Magic ou Pippen, pour Jordan avec Kobe. Il y avait des plans, des références. Mais pour Wembanyama, il n’y en a pas », a expliqué Jefferson dans le podcast Road Trippin’. « C’est un joueur tellement unique qu’il rend le travail du coach encore plus difficile. Son corps a évolué, il est plus fort, mais la vraie question reste : où l’utiliser au mieux ? »
Un joueur sans précédent, un casse-tête pour San Antonio
Cette unicité explique en partie pourquoi le jeune Français traverse des phases d’adaptation. Capable de dribbler comme un meneur, de tirer comme un ailier et de contrer comme un pivot, Wembanyama brouille toutes les catégories. Pour Jefferson, cela oblige San Antonio à réinventer complètement sa structure offensive. Ce défi, s’il est bien relevé, pourrait transformer la franchise en une machine redoutable sur le long terme.
Mais pour cela, encore faut-il qu’il soit bien entouré. L’ancien joueur évoque notamment le besoin d’un vrai meneur d’expérience pour canaliser et maximiser le talent de Wembanyama. Stephon Castle, malgré son potentiel, reste un combo guard en apprentissage, trop tendre pour assumer seul la direction du jeu. Le retour annoncé de De’Aaron Fox, ce dimanche contre New Orleans, pourrait alors changer la donne et fluidifier le collectif.
Jefferson estime que Fox, grâce à sa lecture du jeu et à sa capacité à créer, offrirait à Wembanyama des positions de tir plus naturelles et libérerait l’intérieur d’une partie de la pression offensive. Cette présence vétérane permettrait aussi au Français de se concentrer davantage sur son agressivité et sa domination physique sans devoir forcer le jeu.
À 21 ans seulement, Wembanyama reste un diamant brut. Les attentes autour de lui sont immenses, mais le temps joue encore en sa faveur. Si San Antonio parvient à bâtir un cadre à sa mesure, le résultat pourrait bien redéfinir les standards de la NBA moderne. Et dans ce futur, Richard Jefferson semble déjà voir en lui la clé d’une nouvelle ère de domination.
