Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Avant de devenir l’une des figures incontournables du cinéma français dans les années 1980, Gérard Lanvin a longtemps traîné ses guêtres dans les café-théâtres, en côtoyant les futures têtes d’affiche du Splendid ou encore Coluche. Si l’ambiance générale était globalement bonne, l’acteur garde pourtant un souvenir amer d’une expérience très particulière vécue avec la troupe, au milieu des années 1970.
À l’époque, Lanvin n’est pas encore passé devant la lumière : il est machiniste et « homme à tout faire » du Splendid. Pourtant, un événement vient bouleverser cette routine. Dans un entretien accordé à Allociné, il raconte comment on lui a proposé de remplacer Thierry Lhermitte dans une pièce qui deviendra, plus tard, le premier volet des « Bronzés ». Et de prime abord, tout a bien commencé :
« J’ai été son remplaçant sur une pièce de théâtre qui s’appelait “Amours, coquillages et crustacés”. Thierry voulait partir un petit peu avant ses camarades pour bronzer, puisqu’il avait l’emploi du playboy dans la pièce. En cela, c’était plutôt professionnel que mal vu, et j’ai trouvé ça normal comme comportement. Les autres arrivant en vacances (dans la pièce, ndlr), il était normal qu’ils retrouvent des mecs bronzés sur le lieu des vacances. »
Mais si ce choix semblait logique, il a aussitôt fait grincer des dents au sein du groupe. Lanvin poursuit :
« (Thierry Lhermitte) m’a donc gentiment proposé de le remplacer. Les autres (membres du Splendid) n’ont pas apprécié ça, parce qu’il est parti en vacances. Donc déjà on avait une espèce d’amitié bizarre, hein, puisque je répétais tout seul car personne ne voulait venir répéter avec moi. C’est Coluche qui m’a fait répéter mon rôle. »
Déterminé à être à la hauteur malgré l’absence de soutien, Lanvin travaille avec sérieux. Mais l’expérience vire à la frustration : il ne jouera la pièce… qu’une seule fois. Et là encore, son récit transpire l’amertume retenue :
« J’ai joué exactement une fois. Le temps d’avoir peur, vraiment peur, parce que c’était une pièce qui cartonnait au café-théâtre. Et puis comme ça a marché le soir où je l’ai joué, Thierry est revenu. Donc je l’ai jouée une fois. C’est beaucoup de travail pour une fois… »
Malgré ce moment difficile, Lanvin ne s’est jamais coupé du Splendid, puisqu’il tournera plus tard avec Michel Blanc, Josiane Balasko ou encore Christian Clavier. Mais il ne fait aucun doute que cet épisode lui est resté en travers de la gorge.
Sans nourrir une rancœur éternelle, Gérard Lanvin laisse clairement entendre, quarante ans plus tard, qu’il a été profondément déçu par l’attitude du groupe à son égard. Un épisode rude, mais formateur, dont il est sorti grandi… avant de prendre une éclatante revanche en s’imposant comme l’un des acteurs phares du cinéma français.
