Par Rédaction | Sport
Comme plusieurs anciens internationaux français de sa génération, Frank Leboeuf a choisi de terminer tranquillement sa carrière loin de l’Europe, en rejoignant le Qatar entre 2004 et 2006. Un choix assumé de bout en bout par l’ancien défenseur, qui ne cherche pas à réécrire l’histoire. Et près de vingt ans après, il parle sans filtre de ce qu’il a vu sur place, y compris du pire.
Champion du monde, champion d’Europe des nations et star de Chelsea, Leboeuf avait déjà tout connu avant de signer successivement à Al-Sadd puis à Al-Wakrah. Invité en 2021 sur le plateau de « Télématin », il avait d’ailleurs refusé de déguiser son choix derrière de fausses justifications sportives :
« Ce serait se foutre de la gueule du monde de dire : “Je pars au Qatar pour le projet football”. Il n’y en a jamais eu et il n’y en aura jamais. »
Une honnêteté qu’il a poursuivie en décrivant son quotidien là-bas :
« J’ai passé deux années extraordinaires, à faire du wakeboard la journée et aller m’entraîner le soir. J’ai fait ma part du boulot. Maintenant ce serait mentir que de dire que j’y suis allé pour le projet football. J’y suis allé parce que j’étais en fin de carrière, j’étais en préretraite, et j’y suis allé pour remplir les caisses, d’autant que j’avais toujours été payé en dessous de ma valeur. »
Reste une question sensible : a-t-il été témoin d’abus ou de scènes dérangeantes dans un pays souvent critiqué pour ses violations des droits humains ? À l’approche du Mondial 2022, et alors que les conditions de vie des travailleurs migrants provoquaient un tollé international, Leboeuf n’avait pas éludé la question. Interrogé par Public, il avait admis avoir assisté à des scènes choquantes :
« Sur la question des droits de l’homme, quand j’y vivais, j’ai effectivement assisté à des choses qui ne m’ont pas plu. J’ai vu les gens qui construisaient les stades dormir dehors ou dans des cahutes, vivre dans des conditions déplorables. Je ne suis pas aveugle et je l’ai dénoncé à l’époque. »
Pour l’ex-défenseur tricolore, reconnaître ces réalités ne l’empêche pas de revendiquer ce qu’il considère comme une forme de cohérence : dire les choses, tout en assumant ses choix. Un discours qui ne convaincra pas tout le monde, surtout lorsqu’on sait qu’il a également couvert la Coupe du monde 2022 pour ESPN.
Mais que l’on salue sa transparence ou qu’on l’accuse d’hypocrisie, Frank Leboeuf a au moins le mérite de ne rien cacher : oui, il est parti là-bas pour l’argent. Oui, il y a vu des situations humaines très dures. Et oui, il continue d’en parler sans fard.
