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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Chantal Goya a bercé des millions d’enfants et marqué la culture populaire comme peu d’artistes français. Mais derrière l’image immaculée de Bécassine et des personnages enchantés, la chanteuse a vécu une humiliation si violente qu’elle en garde encore, à 83 ans, une rancoeur intacte. Tant et si bien que ses propos ne laissent aucune place au doute.
Dans les années 1980, alors qu’elle est au sommet de son art, Chantal Goya accepte de participer au « Jeu de la vérité » de Patrick Sabatier. Hors de son univers habituel, exposée à des questions incisives et à ce qu’elle estime être un piège orchestré par l’animateur, notamment dans le choix des questions, la chanteuse perd pied. Cet épisode provoquera une véritable traversée du désert : désaffection médiatique, perte de contrats, et carrière stoppée net pendant de longues années.
Interrogée par Léa Salamé il y a quelques temps, Chantal Goya était revenue sans filtre sur ce moment qu’elle considère jusqu’à ce jour comme un guet-apens, dans une émission qu’elle n’a jamais aimée et qu’on lui avait d’ailleurs conseillé de ne pas faire :
« Je vais vous dire quelque chose qui est vrai et qui m’a toujours désolée. J’avais vu à la télévision Sophie Marceau, dans cette émission, qui pleurait (…) et je me disais : ‘c’est pas possible qu’à la télévision on fasse pleurer comme ça des artistes en herbe’… Je n’aimais pas cette émission. C’était une horreur.
Le soir de l’émission, j’ai été vraie. J’ai été piégée par quelqu’un que je ne veux plus jamais voir, et qu’il ne me parle plus : je suis devenue sa bête noire, c’est quand même génial, je n’en parle plus ! »
Pour l’interprète de « Un lapin », Patrick Sabatier est directement responsable de ce passage désastreux et des conséquences qui ont suivi. Si le programme était connu pour sciemment sortir les invités de leur zone de confort, elle estime avoir été sacrifiée, ridiculisée, prise au dépourvu dans un registre qui n’était pas le sien. Le ressentiment est profond, tenace, et ne laisse aucune place à l’oubli. D’ailleurs, dans une autre interview, elle avait été encore plus virulente :
« Je ne parle plus à Patrick Sabatier, c’est fini. Il est éliminé de ma tête. La vie se charge bien de remettre les gens à leur place. Où est-il maintenant ? Nulle part. Moi, je suis toujours là. Je n’ai jamais triché, j’ai toujours été vraie et j’ai toujours défendu mon public »
Quarante ans après les faits, Chantal Goya refuse toujours de tourner la page. Mais malgré cette cicatrice, elle a reconquis son public et rempli à nouveau les salles. Une revanche éclatante, et la preuve que même les contes les plus abîmés peuvent retrouver une fin heureuse !
