Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Entre triomphe public et démons personnels, la carrière de Samy Naceri a été marquée par des sommets… et des chutes vertigineuses. Devenu une star planétaire grâce à Taxi, l’acteur a aussi connu les comparutions, les dérapages et plusieurs passages en prison. Un vécu qu’il évoque désormais sans filtre, avec la lucidité de quelqu’un qui a payé cher ses erreurs.
La prison, Samy Naceri la connait. Avant même d’être célèbre, il avait déjà été incarcéré plusieurs années pour un braquage qui avait mal tourné. Par la suite, il s’est malheureusement abonné à la rubrique faits divers en pétant les plombs après avoir accédé au statut de star. Ces périodes à l’ombre, il en garde en tout cas un souvenir vif.
Dans de récentes déclarations sur le plateau de Clique, l’éternel interprète de Daniel Morales a en effet livré un témoignage d’une rare franchise sur la réalité carcérale et la façon dont l’entourage disparaît soudainement lorsque la célébrité ne suffit plus. Une mise au point brutale, qui en dit long sur ce qu’il a traversé :
« Quand tu te retrouves derrière les barreaux, il n’y a plus personne, il n’y a pas une carte postale, il y a plus tout ça. On est tous ensemble dehors, et quand tu te retrouves là-bas, il n’y a plus personne. Heureusement que t’as ta femme, heureusement que t’as ta mère, tes frères, tes soeurs »
Des mots lourds, qui rappellent à quel point la solitude en détention peut être foudroyante, même pour une figure très médiatisée comme lui. Invité sur le plateau de Touche pas à mon poste il y a plusieurs mois, l’acteur était aussi revenu longuement sur les dérives qui l’ont conduit à ces situations extrêmes – entre célébrité soudaine, mauvaises fréquentations et besoin constant d’être aimé :
« Tu rentrais dans aucune boîte de nuit de Paris, et d’un coup on te fait des haies d’honneur et tu rentres avec tout le monde. À un moment donné, c’est difficile à gérer. Il faut être bien entouré et peut-être que j’ai pas fait les bonnes choses, que je me suis encanaillé avec des gens qu’il fallait pas, que j’aurais dû rester avec mes copains du cinéma et faire le tri dans mes copains de banlieue. J’avais le cul entre deux chaises. »
« Je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières – j’ai ma part de responsabilités. J’ai ramé, je me suis battu pour faire ce métier, j’ai poussé les portes. (…) Et j’ai fait un complexe par rapport à mes potes, je me suis dit ‘putain, eux ils ont pas, moi, j’ai, pourquoi je leur donnerais pas ?’. Et au final, après, pourquoi ? Pour que tu te retrouves derrière les barreaux, il y en a pas un qui t’envoie dix francs ou une carte postale, il y en a pas un qui s’occupe de ton fils ou qui emmène ta mère au parloir ! Alors j’en ai deux, trois (amis) qui sont bétons, qui ont toujours été là, mais la majorité c’est des pique-assiettes »
Entre amertume, regrets et franchise totale, Samy Naceri pose un diagnostic clair : le succès attire du monde, mais la chute révèle les vrais visages. Et si l’acteur reconnaît ses responsabilités, il entend surtout tirer les leçons de ces années tumultueuses – quitte à rappeler publiquement qui l’a soutenu, et qui l’a laissé tomber lorsque les portes de la prison se sont refermées derrière lui.
